CONFERENCE PAN-EUROPEENNE SURL'EURO

PARIS, 2 JUILLET 1997


Ce document au format Word

La Fédération des Experts ComptablesEuropéens (FEE) s'est engagée à entreprendre unprogramme ambitieux, soutenu et partiellement financé par laCommission Européenne, de communication et de recherche sur lethème du passage à la monnaie unique. Dans ce programmela profession comptable doit être le vecteur principald'informations et de conseils.

Le programme prévoit l'organisation de plusieursconférences pan-européennes sur l'Euro. Lapremière de ces conférences, organisée par leConseil Supérieur de l'Ordre des Experts comptables, s'esttenue à Paris le 2 juillet 1997 et a eu pour sujet lesproblèmes posés aux entreprises par le passage àl'Euro.

Près de 300 personnes ont assisté à laconférence : professionnels comptables libéraux, maisaussi responsables financiers d'entreprise. La plupart des pays del'Union Européenne étaient représentés,ainsi que quelques pays limitrophes (Suisse, Norvège,République tchèque). La profession libéralefrançaise était représentéeprincipalement par ses délégués régionauxet départementaux Euro.

Dans son discours d'ouverture, David Darbyshire, Présidentde la FEE, a rappelé que la profession comptable avait uneopportunité unique à saisir en assistant lesentreprises dans le processus de transition. Mais il rappelleégalement les difficultés qui serontrencontrées, et en particulier la brièveté desdélais impartis et la position le plus souvent en retraitprise par les administrations nationales.

Pour sa part, William Nahum, Vice-président du ConseilSupérieur et Président du Comité Euro, arappelé que le passage à l'Euro concernait tous lesacteurs de la vie économique, et que la profession ne devaitpas se cantonner aux seules questions de comptabilitéposées par le basculement, mais devait se positionnerdavantage comme le conseiller en stratégie de l'entreprise.Compte-tenu de l'importance des enjeux, il a estimé que seuleune attitude commune des professionnels européens permettaitd'atteindre cet objectif.

Après un exposé de Peter Blackie, de la DG II de laCommission Européenne sur l'état d'avancement destravaux de la commission sur le cadre réglementaire dubasculement, Göran Tidstrom, Vice-président de la FEE encharge du projet a rappelé la signification stratégiquede l'introduction de l'Euro pour les entreprises. Avec l'Euro vaêtre mis en place, à la place de petits marchéslocaux et fragmentés, un grand marché européensur lequel les repères des entreprises devront êtreréexaminés : leurs politiques en matièrefinancière, commerciale, sociale, d'investissement... devrontêtre repensées en intégrant une nouvelleréalité. Celles qui réussiront ce saut serontcelles qui se seront préparées à temps.

Les grandes lignes du projet Euro de la FEE ont étéprésentées par Noel Hepworth, Directeur du projet. Unedes principales réalisations faites à ce jour consisteen la mise en place d'un site Internet consacré àl'Euro. Les pauses ont été pour les participantsl'occasion de visiter le site. De même la versionfrançaise de la checklist à l'usage des entreprises aété présentée. Les prochainesréalisations devront être l'installation de servicesd'assistance en ligne en France, Allemagne, Belgique, Irlande et PaysBas, ainsi que des enquêtes sur la perception qu'ont lesentreprises des questions soulevées par le passage àl'Euro.

 

COMPTABILITE

Georges Timmerman, Vice-président de la FEE en charge del'information financière, a rappelé quellesétaient les principales difficultés résultant dubasculement à l'Euro : traitement comptable des écartsde conversion entre monnaies "in", tenue des comptes etétablissement des comptes annuels, problèmesspécifiques aux comptes consolidés (en particuliertraitement de l'écart de conversion), charges liées aupassage à l'Euro et information comparative.

TRAITEMENT DE L'INFORMATION

Hans-Dieter Scheurmann, chef de projet chez l'éditeur delogiciels allemand SAP, a exposé les difficultés quereprésente pour les entreprises sur le plan de l'informatiquele basculement à l'Euro en matière informatique. Ilinsiste en particulier sur la nécessité de s'assurerque toutes les données exprimées en monnaie nationaleont bien été converties en Euros et présente lessolutions qui peuvent être retenues pour résoudre lesdifficultés liées à la double circulationd'opérations en monnaie nationale et en Euros durant lapériode transitoire.

FISCALITE

Stephen Dale, Président du groupe de travail de la FEE surles impôts indirects, a exposé les conséquencesfiscales du passage à la monnaie unique. Il rappelle qu'uneharmonisation des règles fiscales sera indispensable, souspeine de voir se créer un "vagabondage fiscal". De mêmeil sera nécessaire de procéder à uneharmonisation des procédures et à des amendementslégislatifs. Les principaux problèmes particuliers sontdécrits, qu'il s'agisse de problèmes se rapportant auximpôts indirects (entre autres récupération de laTVA sur les charges afférentes au passage à l'Euro,assujettissement à la TVA sur la marge) ou aux impôtsdirects (traitement des arrondis de conversion, imposition desplus-values latentes).

MARCHES FINANCIERS

L'après-midi a été consacré àdeux tables rondes, séparées par uneprésentation de Richard Woodruff, du Luxembourg, sur lesattitudes de l'investisseur financier et des marchés decapitaux face à l'Euro. L'exposé a porté surl'impact de l'union monétaire européenne sur lesmarchés financiers, les marchés des instrumentsdérivés et sur les marchés de valeursmobilières. Après une présentation del'évolution escomptée des taux d'intérêt,au début de la mise en place de l'union monétaire puispar la suite, et de l'impact de l'union sur le dollar,l'exposé s'est conclu en évaluant l'impact du passageà l'Euro en termes financiers sur respectivement les banques,les grandes entreprises et les PME.

La première table ronde de l'après midi aréuni autour de Régis de Brébisson,Vice-président du C.S.O.E.C. des représentantsd'entreprises qui ont fait part des réflexions et des travauxentrepris par leurs sociétés en vue du basculementà l'Euro : Mmes Anna Hesselman, de la sociétésuédoise SCA, Bénédicte Brouard,Présidente du comité de Paris du Comité desConseillers du Commerce extérieur, et MM F.H. Coppes de lasociété néerlandaise Ahold et Richard de Coursonde la société Framatome. Pour chaque participant lapréparation du passage à l'Euro a sesparticularités, en fonction de la localisation de lasociété (dans un pays "in" ou non) et de soncaractère transnational ou non.

La seconde table ronde animée par William Nahum aété consacrée au rôle de l'expertcomptable et de l'auditeur et a réuni Brendan Lawlor,d'Irlande, Frits Hoek des Pays Bas et Pierre Anciaux de Belgique. Lesparticipants ont insisté sur les divers aspects du rôledu professionnel comptable : "professionnel" d'abord, homme duchiffre, mais aussi "gardien", s'assurant que le passage àl'Euro est bien appréhendé sous tous ses aspects,"guide" pour les disciplines autres que comptables et enfin "leader"pour la réflexion stratégique et dans la conduite deschangements dans l'organisation. Par ailleurs, les professionnelsprésents sur l'estrade ont rappelé que le passageà l'Euro allait également concerner leur proprescabinets et qu'il ne fallait pas en négliger lesconséquences.

Après une présentation de Mme Fabienne Dufay destravaux et réalisations de la mission Euro du Ministèredes finances français et de l'administration françaiseen général, la conférence s'est achevéepar les discours de clôture de Mme Hélène Bon,représentant René Ricol, Président de l'OEC,Didier Kling, Président de la C.N.C.C. et de GöranTidstrom.

Chacun se félicite du succès de cette manifestation,qui n'était pas assuré au départ compte-tenu desdélais de réalisation extrêmement courts. Lesexposés et les débats de la journée ontmontré que la problématique du passage à l'euroétait commune pour les entreprises, quel que soit le paysoù elles opèrent. Pour réussir le passage, ilest nécessaire de mettre en oeuvre une approche transversale,non limitée aux seuls problèmes comptables. Lesentreprises, pour qui ce basculement doit être l'occasion deprogresser dans le recherche vers une plus grande efficacité,semblent dans l'ensemble conscientes des problèmes etdéterminées à les résoudre rapidement.Pour la profession comptable il y a un défi à relever :elle doit se positionner en partenaire incontournable des entrepriseset des autres acteurs de la vie économique. Les travauxengagés par la FEE dans le secteur de l'euro devront doncêtre intensifiés afin que la profession puisse disposerdes outils performants nécessaires pour relever le défide l'euro.

Henri GIOT

(publié dans SIC n° 155d'août-septembre 1997)