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Introduction
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Le passage à l'euro va transformer les systèmesinformatiques dans les entreprises et les Administrations. Plusqu'une opération de conversion mathématique, il vabouleverser les systèmes actuels de transactionsfinancières, et nécessiter dès le1er janvier 1999 un suivi précis des premierséchanges en euro avant l'abandon du franc prévu au plustard en 2002.
Sous l'impulsion de la Mission de Préparation desAdministrations Publiques à l'euro (mission Euro), lesministères ont en 1996 pris progressivement conscience del'importance du chantier à entreprendre. Dès janvier1996, les services informatiques du Ministère del'Économie et des finances ont constitué un groupe detravail afin de planifier leurs travaux communs concernant notammentla comptabilité de l'État et l'exécution dubudget tant en recettes qu'en dépenses.
Très rapidement, la Mission Euro a largement diffuséun premier ensemble de documents d'information et de sensibilisationsur les enjeux informatiques et a mis en place un groupe permanent detravail interministériel. Le ministère del'Équipement, du Logement, des Transport et du Tourisme adéjà lancé une vaste enquête auprèsde ses services tandis que l'Administration centrale duministère de l'Économie et des Finances aréalisé une étude d'impact exhaustive de cesprojets et en a dressé une cartographie trèsdétaillée.
A la demande de la Mission Euro, les Ministères devront,dès le premier semestre 1997, généraliser cettedémarche, établir des scénariosstratégiques et techniques d'évolution de leurssystèmes d'information et programmer les premièresconversions les plus urgentes.
Parallèlement, les sociétésd'ingénierie et de services informatiques (SSII) ontdéveloppé une forte expertise pour conseiller etassister l'ensemble des acteurs économiques du pays. Cetteexpérience acquise notamment dans le secteur des banques et dela grande distribution concerne non seulement la remise àniveau des programmes et le remplacement de solutionsobsolètes mais aussi la réflexion plus large surl'impact de cette mutation sur l'ensemble des systèmesd'information.
Compte tenu de l'ampleur des tâches à entreprendre etde la brièveté des délais, les Administrationset le SYNTEC, syndicat professionnel représentatif des SSII etdes éditeurs, ont décidé, dans un soucid'exemplarité, de gain de temps et de recherched'économies d'échelle, de se réunir trèsrégulièrement afin d'une part de se tenir mutuellementinformé des réflexions et des expériencesdéjà engagées et, d'autre part, d'organiser desactions communes d'intérêt général.
C'est dans ce cadre qu'un groupe mixte de réflexion aélaboré le présent fascicule sur ladémarche à entreprendre pour la préparation dupassage à l'euro. A vocation pédagogique etpragmatique, ce guide s'attache à donner un ensemble dedéfinitions et de références communes destâches à réaliser en distinguant quatreétapes : l'approche globale, l'étude d'impact, leplan d'action et la mise en oeuvre.
La lecture du titre "la démarche informatique" ne doit paslaisser penser que ce document ne s'adresse qu'aux seulsinformaticiens pour les aider dans leur approche technique.
En effet, compte tenu des fortes implications fonctionnelles etsouvent organisationnelles de cette opération il est de laresponsabilité du "maître d'ouvrage", au niveau donc desdirecteurs, de se préoccuper à la fois de lacoordination des opérations qui devront êtrelancées, de leur suivi en cours de réalisation et desconditions de leur intégration dans une stratégie pluslarge.
De même, les aspects touchant notamment la sensibilisation,la communication, la formation sont du ressort de cetteresponsabilité ainsi que les arbitrages et les solutionsalternatives qu'il faudra décider en cas de difficultésinattendues ou de conflits d'intérêts.
Mais si le passage à l'euro constitue une opérationdifficile (les délais très rapprochés, lamultitude des applications concernées, l'imbrication et lemaillage des chaînes de traitement, le manque deprécision de la demande notamment pour la règle desarrondis) il peut aussi représenter une réelleopportunité pour adapter une organisation, supprimer oualléger des applications sans grande utilité, revoir undéveloppement spécifique en faveur de solutionsgénérales, examiner la compatibilité desprogrammes pour passer l'an 2000, rechercher des solutions communeset standardisées et réaliser ainsi des économiesd'échelles.
Pour relever ce défi technique et organisationnelinédit dont la réussite est impérative, nousinvitons l'ensemble des responsables concernés àmobiliser et à coordonner dès à présentsous leur autorité directe toutes les ressources utiles etcompétentes.
Les échéances du passage à l'euro en 1999pour les premières transactions et 2002 au plus tard pourl'abandon du franc vont provoquer une forte juxtaposition des chargesde travail pour tous les acteurs concernés par lessystèmes informatiques (utilisateurs, programmeurs,formateurs, ...) et générer à l'évidencedes difficultés importantes pour l'organisation des travaux.En outre, la coïncidence de dates avec le changement desiècle, rend très souhaitable au titre del'économie d'échelle, la conduite en parallèlede certaines tâches (étude technique, cartographie desprogrammes, ...). L'indispensable anticipation et l'optimisationdes ressources disponibles nécessiteront donc unepremière approche globale de l'ensemble du projet. En fonctiondes organismes, cette approche pourra prendre deux formescomplémentaires :
1. Une étude stratégiquePour de nombreuses entreprises ou organismes, le passage àl'euro est l'occasion de développer une nouvelle politique.Pour la banque ou la grande distribution, il s'agira par exempled'élargir sa clientèle ou de développer denouvelles prestations. Pour les administrations et pour lescollectivités locales, l'euro peut offrir l'opportunitéd'ouvrir de nouveaux services à l'usager, par exemple dans lessecteurs du tourisme ou du contrôle de la concurrence.L'étude stratégique clarifie ces orientations etprépare l'adaptation des systèmes informatiques nonseulement pour tenir compte de la contrainte de l'euro mais surtoutpour favoriser le développement de cette nouvelle politique(par la mise en place d'un échange de donnéesinformatisées, par exemple).
2. L'étude des enjeux organisationnelsElle a quant à elle pour objectif, la prise de conscience del'ensemble des implications, induites par le passage à l'euro,sur les ressources des structures (ministères et organismes" satellites "). Il s'agit de préparer par unedémarche participative, le dispositif d'intervention quipermettra à chaque maître d'ouvrage ou décideurde piloter et coordonner dans les meilleures conditions, l'ensembledes travaux en garantissant la continuité et la qualitédu service rendu.
L'approche globale conduit notamment à opérer unpremier classement a priori des applications de l'organisme selontrois catégories au regard des effets de l'euro : lessystèmes jugés cruciaux (exemples : paie,comptabilité), ceux considérés comme sensibleset les autres.
Chaque organisation doit en outre dans ce cadre mettre en placeles structures et les outils de pilotage technique et fonctionnel del'ensemble des tâches à entreprendre : comitédirecteur ou équivalent , chef de projet, dispositif decirculation rapide d'information, planification des travaux.
L'avantage majeur de cette démarche est de sensibiliserdès l'origine non seulement les responsables informaticiensmais aussi la maîtrise d'ouvrage et d'obtenir rapidement unepremière appréciation fiable de la sensibilitédes applications et des difficultés potentielles deplanification des travaux. Au-delà de cette premièredémarche, il s'avère indispensable, afind'éviter toute mauvaise surprise, d'approfondir etd'évaluer en détail l'ensemble du patrimoineinformatique de l'organisation. C'est l'objet de l'étuded'impact.
Définition :
L'objectif de l'étude d'impact est d'établir undiagnostic fonctionnel et un diagnostic techniquedétaillé de chaque application et plusgénéralement de chaque système d'information misen oeuvre. Il s'agit de dresser un état précis deslieux, d'identifier l'ensemble des programmes et des donnéessusceptibles d'être impactés par le passage àl'euro, de mesurer les difficultés, les contraintes et lesimpératifs de cette évolution inéluctable et deproposer des scénarios opérationnels de transformationde l'ensemble des systèmes actuels d'information.L'étude d'impact permet non seulement de recenser au sein dessystèmes informatiques existants les élémentsfonctionnels qui pourront être concernés par le passageà l'euro mais aussi de mesurer les conséquences surl'environnement de travail des utilisateurs.
Une étude d'impact complète comportera troisvolets :
1. le diagnostic fonctionnel, avec l'objectif d'étudier lecontexte fonctionnel de chaque application et son environnementd'organisation, caractérisés généralementpar les flux d'information, les règles de gestion, lescontraintes réglementaires et les échangespériodiques avec d'autres systèmes d'informationinterne ou externe à l'organisme. Cette démarchedébouche concrètement sur une cartographiefonctionnelle des systèmes d'information.
2. le diagnostic technique, qui recense avec précision lescomposants de chaque programme (code source, langages, progiciels,volumétrie, documentation,....) et repèresystématiquement les données financières et lestraitements associés, en analysant leur comportement potentielsous l'effet du passage à l'euro. Le résultat principalde ce diagnostic est l'établissement d'une cartographietechnique des systèmes d'information.
3. les scénarios, qui devront présenter etargumenter auprès des décideurs les diagnosticsfonctionnels et techniques et proposer des stratégiesmultiples d'évolution (conversion, abandon,réécriture, recours à un progiciel, ...) entenant compte des contraintes fortes de calendrier, de ressourceshumaines disponibles, de moyens matériels et de coûtsfinanciers.
Le passage à l'euro imposera de nouvelles obligationsqu'elles soient réglementaires ou induites par leséchanges avec d'autres systèmes d'informations, enparticulier dans le domaine comptable (exemples : liens avec lessystèmes de comptabilité de l'État ou de suivid'exécution de la dépense au plan local et central).
Un premier objectif du diagnostic sera donc :
D'établir le périmètre desdomaines d'applications en terme de nombre d'utilisateurs, de nombrede sites géographiques et de structures concernées(niveau central et déconcentré, organisme soustutelle,...).
D'identifier les contraintes fonctionnelles intrinsèques dechaque application ou domaine applicatif, conditionnées par lepassage à l'euro.
De caractériser précisément les fluxd'information (nature et modalité d'utilisation desdonnées, émetteur et destinataire).
D'étudier les liens inter-applications et les interfacesavec d'autres bases de données ainsi que les règles degestion associées (sécurité,périodicité et modalités de mise à jour,...).
De mesurer la dépendance et les difficultés a prioriqu'entraînent l'interface et l'échange avec d'autressystèmes d'information interne ou externe (liens entreministères, avec des organismes publics, des banques, desentreprises, des particuliers).
De mesurer le risque pour chaque application en fonction de lasensibilité à la variable euro et du cycle de vie dusystème d'information.
Le diagnostic fonctionnel doit être égalementl'occasion d'étudier les conséquences du passageà l'euro pour l'utilisateur dans son environnement directquotidien. En effet, celui-ci sera particulièrement attentifà l'aspect des écrans et des restitutions, pour lequelil pourra souhaiter de nouvelles représentations(exemple : double libellé en franc et en euro d'un mandatou d'une fiche de paie, ...).
Plus généralement, il s'agira bien au-delà dela continuité technique minimale indispensable des programmesinformatiques, de garantir la qualité de service rendu auxutilisateurs finaux.
Au terme du diagnostic fonctionnel, sera établie unecartographie fonctionnelle des systèmes d'information.
La cartographie fonctionnelle d'un système d'information:
C'est la représentation des différentes fonctionsdes applications et de leurs flux d'échanges, regroupésen domaines d'informations cohérents.
Le diagnostic technique
Le diagnostic technique est de la responsabilité desinformaticiens. Il consiste à analyserprécisément les composants techniques de chaqueapplication. Cette description doit être suffisammentdétaillée pour localiser les travaux de conversion oude réécriture à entreprendre et pour permettrel'estimation de la charge de travail correspondante. Le diagnostictechnique comprendra deux phases.
La première phase est un processus d'inventaireet de recensement des éléments suivants :
La nature des composants en distinguant les logiciels, lesprogiciels, les systèmes de gestion de base de données(SGBD), les outils de développement en précisantnotamment le recours aux ateliers de génie logiciel (AGL), leslangages de programmation.
Les éléments d'infrastructures techniques :nombre de postes de travail, unités centrales, systèmesd'exploitation, plate-forme de développement,.....
L'architecture logicielle de l'application : client/serveur,transactionnel, bureautique monoposte ou personnelle, infocentre, ...
Le descriptif de certains automates spécifiques :distributeur de billets et de monétique, caissesenregistreuses, cartes à mémoire, ...
Les protocoles techniques de communication et d'échangesd'information (EDI, Internet, réseau privé, ...) etl'identification des responsables de la définition et desmodifications de ces liens et interfaces.
Pour chaque application, il conviendra en outre d'établirune évaluation volumétrique précise du nombred'états en entrée/sorties, des fichiers dedonnées, des écrans ou des lignes de programmes.L'inventaire conduira également à un repérage ducode source et à un descriptif des données, destraitements ainsi que des conditions d'exploitation.
Enfin, lors du diagnostic technique, il sera indispensable demener, avec le concours du chef de projet concerné, une revuede la documentation technique et d'utilisation de l'application. Ils'agira d'évaluer la maîtrise et la connaissancetechnique interne de l'application (dépendance vis àvis de tiers, identification des experts connaissant les composantsspécifiques, ...) l'état de la documentation disponibleet la pertinence des guides utilisateurs ou des autres supportsd'accompagnement.
Lorsque le projet fait appel à un progiciel, il conviendraen outre d'en recenser les caractéristiques suivantes :
Nom, coordonnées et nationalité dufournisseur et de l'éditeur.
Nature des engagements juridiques du fournisseur sur lesévolutions fonctionnelles et techniques du progiciel.
Système d'exploitation et compatibilité des outilsmis en oeuvre.
Existence de développements personnalisés ouspécifiques.
Date de disponibilité des futures évolutions, prixet garantie du client.
Capacité du fournisseur à tenir sesengagements : taille, actionnariat, stratégie par rapportau progiciel concerné, qualité du support technique.
La deuxième phase, beaucoup plus lourde,d'établissement du diagnostic technique consistera àrepérer systématiquement dans l'ensemble des programmeset des traitements les données financières (zonemontant) qui seront affectées par le passage à l'euro.Par souci évident d'économie, cette revue ou"scannérisation" exhaustive du code source pourra êtreréalisée simultanément pour le repéragedes zones "dates" indispensables pour préparer le passageà l'an 2000.
Le but est de localiser les éléments pouvantêtre concernés (montants, calculs de devises,...) danstous les composants logiciels et les interfaces du systèmed'information. Pour cela, tous les types de "sources" (programmes,copy, JCL, écrans, états,.....) sont rangés dansdes structures de répertoires adaptées. Une analyse estalors faite (manuelle ou semi-automatique) avec les responsables desapplications concernées. A la fin de cette deuxièmephase la totalité des éléments "suspects" estlocalisée et qualifiée au plan de l'impact de l'euro.
Une des principales difficultés pour mener au mieux cetteopération, est de pouvoir reconstituer, pour chaqueapplication, un environnement homogène et cohérent desdonnées et des traitements. En effet, au cours du cycle de viedes applications, les nombreux aménagements peuvent apporterune grande différence entre l'environnement dedéveloppement et celui d'exploitation (programme qui n'estplus utilisé, différentes versions, existence delangage intermédiaire, générateurspécifique et plus ou moins caché d'état oud'écran,...). Il conviendra donc d'êtreparticulièrement vigilant notamment pour les applications lesplus anciennes.
A l'issue de cette démarche, par applicationspécifique ou par progiciel, on procédera à desregroupements par lots des composants homogènes(exemples : fichiers communs de personnel, programmesd'édition ou de mise à jour, ...) facilitant larecherche de solution technique plus globale de conversion.
Le résultat concret du diagnostic technique prend la formed'une cartographie technique des systèmes d'information.
La cartographie technique d'un système d'information:
C'est la représentation des divers composants dusystème avec leurs couplages, regroupés ensous-systèmes dont l'évolution est indépendante.
Dans l'hypothèse d'un nombre important de chaînesapplicatives à modifier, il pourra s'avérer trèsutile de constituer un référentiel technique de suivide l'ensemble des opérations. Construit à partir deséléments sources collectés sur lessystèmes d'information lors du diagnostic technique (tables,données, script, ...), il pourra favoriser l'assistancesemi-automatisée à la modification des programmes et lamaîtrise des versions successives de logiciels.
Les référentiels multi-systèmes disposentgénéralement d'une interface graphique et donnent unevision globale de l'ensemble des opérations. Il existeégalement des référentiels dédiésà un environnement d'exploitation (exemples DB2, Cobol,....)qui peuvent s'avérer performants pour des opérationsrépétitives.
La cartographie
A titre indicatif, la cartographie pourra utilement comprendrepour chaque application ou domaine les élémentssuivants :
Volet fonctionnel :
Le nom, les dates de mise en service, les principalesfonctionnalités et le domaine de rattachement (exemples :Personnel, Comptabilité, Urbanisme, ...).
Les utilisateurs concernés (nombre, organisme etstructures, site géographiques, correspondants et relais,organisation centralisée ou déconcentrée, ...).
Les flux d'informations (nature, périodicité,responsables des mises à jour, typologie desbénéficiaires, ...) et les interfaces avec d'autressystèmes informatiques internes ou externes àl'organisation (Échanges de Données Informatiques,conditions de mise à jour, ...).
Les contraintes réglementaires et fonctionnelles impartiespar le passage à l'euro.
La criticité de l'environnement de l'application (naturedes sorties et restitutions, impact sur les destinataires, le caséchéant sur le grand public, garantie de qualitéde service,...).
La détermination des responsables de laconduite des travaux de maintenance et d'évolution(réalisation interne, sous-traitance partielle ou totale).
Le recensement des compétences techniques disponibles etcapacité de mobilisation pour la préparation du passageà l'euro.
Volet technique :
La plate-forme d'exploitation : nombre de sites, nombre depostes de travail, typologie des unités centrales (grossystème, départementale, monoposte).
L'architecture logicielle : client/serveur, bureautique,infocentre.
Les outils de développements : systèmed'exploitation, Systèmes de Gestion de Base de Données,langages de programmation, méthode d'analyse et recours auxAteliers de Génie Logiciel.
La volumétrie des composants techniques :écrans, entrées/sorties, restitutions, lignes deprogrammes.
Le repérage systématique dans l'ensemble desprogrammes et des traitements des zones "montants", des codes"devise" et "taux".
L'état de la documentation technique et des guidesutilisateurs.
Les scénarios
La construction des scénarios pour chaque applications'appuiera avec un esprit critique sur une analyse et uneargumentation selon cinq axes :
1. le critère fonctionnel privilégiera l'importancestratégique de l'application au regard de la politiquegénérale d'informatisation, son intégration auschéma directeur ainsi que les conditions de son insertiondans un système d'information plus large. L'impact desrègles de gestion sur le service attendu peut conduireà choisir des solutions parfois plus réalistes dans unsouci du " mieux possible ", et renoncer àd'éventuelles modifications jugées moins essentielles.
2. le critère technique tiendra pour sa part comptede :
L'état technologique de la plate-forme d'exploitation et dedéveloppement. Une situation d'équipement ou delogiciels trop obsolètes avec une pérennité etune disponibilité des outils non garanties peut justifier unabandon pur et simple de l'application plutôt qu'unaménagement à un coût prohibitif.
La complexité tant de l'applicationelle-même que des interfaces avec d'autres systèmes.
Le volume des charges de programmation, à rapprocher ducoût évaluatif de l'ensemble de l'application.
Les risques techniques encourus notamment de dégradation duservice rendu ou de panne brutale.
3. le critère de délai. Particulièrementdéterminant pour la planification des charges compte tenu deséchéances, le calendrier devra êtreétudié attentivement et de manière globale. Lespropositions d'évolution pour une même applicationpourront être notamment sensiblement différentes suivantque l'on envisage dans le système informatique l'acceptationde transaction en euro durant la période transitoire de 1999ou bien après l'abandon définitif du franc. Demême, la transformation des données historiséesen euro dès le basculement sera très différented'un maintien en franc pour des fins statistiques. Il estrappelé à ce titre que plusieurs agentséconomiques sont susceptibles d'anticiper plus ou moinslargement la date du 1er janvier 2002. On s'attachera doncà préciser strictement les principales phases de miseen service de la nouvelle programmation en référenceaux dates clés de la procédure euro.
4. le critère des ressources humaines et descompétences mobilisables mesurera principalement lesconditions de l'intervention de l'utilisateur : charges desaisie, durée minimale d'information et de formation...
5. le critère des coûts financiers nécessiteraun bilan quantitatif (coût/valeur ajoutée) et qualitatif(avantages/inconvénients) global de chaque scénario. Laréflexion sur les coûts examinera notamment la possiblediminution des coûts de maintenance dans l'hypothèsed'une réécriture complète etl'intérêt qualitatif des améliorationsergonomiques et fonctionnelles apportées par les nouvellestechnologies de développement.
A l'issue de cette analyse multicritère, un ensemble descénarios pour chaque application et pour chaque domaine seraproposé à partir des hypothèses suivantes :
Amélioration par programmationcomplémentaire
Aucune action avec abandon éventuel
Réécriture complète en spécifique
Recours à un progiciel du marché.
Cette phase est de la responsabilité de la maîtrised'ouvrage et ne peut en aucune manière êtresous-traitée. Elle consiste d'une part à déciderdu choix des scénarios à mettre en oeuvre et d'autrepart à bâtir un plan d'action opérationnel demise en oeuvre. Les principaux travaux à entreprendreconsisteront à :
Définir, dimensionner et dater les prochainesétapes ; c'est à dire :
Décrire le contenu et la fourniture,
Préciser charge, durée, ressources oucompétences nécessaires, en précisant notammentles interventions de sous-traitance,
Construire le chemin critique en formalisant l'ordonnancement etl'enchaînement des travaux. Ce plan de travail inclural'ensemble de tâches de réalisation etdéploiement (recette, expérimentation, documentation etdiffusion) pour chaque phase de la procédure de passageà l'euro.
Cette formalisation doit mettre en exergue toutes les contrainteset les risques liés à l'environnement et qui ne sontpas forcément maîtrisés :
Effectifs et compétence disponibles
Budgets (volume et calendrier de mise en place)
Phasage avec d'autres projets
Tâches critiques et points de contrôle.
Établir le plan de secours
C'est à dire identifier les recours envisageables dans lecas où l'application n'est pas opérationnelle " aujour J " :
Procédures manuelles temporaires,
Conséquences de l'utilisation en mode dégradéou de l'arrêt momentané du service,
Possibilité d'établir un accord avec les partenairesou correspondants,
Recours éventuel à une sous-traitance pour unservice de remplacement, etc.
4. La mise en oeuvreopérationnelle
Il n'a pas été jugé utile, à ce stade,de rappeler ici l'ensemble des phases traditionnelles deréalisation et d'installation d'une application informatique,après son adaptation ou sa réécriture. Aussi,sans souci d'exhaustivité de la démarche, leprésent document est volontairement limité à uneprésentation de deux aspects précis de la mise enoeuvre, plus spécifiques au passage à l'euro : leconvertisseur et les possibles difficultés dudéploiement et du basculement.
Le convertisseur est un des outils de la mise en oeuvre. A usagetemporaire, sa finalité première est d'assurerl'indépendance de différentes fonctions de gestiond'une organisation lors du processus de passage à la monnaieunique. Ce dispositif peut être placé à l'amontet à l'aval des applications, sans en touchernécessairement le coeur. Le convertisseur offre des fonctionsprincipalement de calcul, de gestion d'arrondis, de stockage et derecherche, de présentation, d'échange et d'aide aupilotage.
La désynchronisation de ses fonctions ne doit pas affecterl'obligation de continuité de service. Il doit ainsiêtre "neutre" vis à vis des règles de gestion etde l'organisation ou de l'activité sur laquelle il vas'appliquer.
Les règles de conversion étant des règles dedroit, générales à l'ensemble des acteursimpliqués dans ce processus (tant en Europe que dans lesautres parties du monde), il conviendra que le convertisseur puisseêtre suffisamment auditable pour qu'aucun doute ne puisseexister quant à sa fiabilité mathématique.
Il est en particulier exclu que les écarts résultantdes calculs de conversion puissent être frauduleusement ounégligemment détournés de la comptabilitéconcernée, grâce à l'aide de ce convertisseur.
Enfin, l'entreprise s'adaptant progressivement à l'euro, leconvertisseur doit pouvoir, à effort minimal, accompagnercette évolution (par exemple en inversant ou encomplétant ses règles de conversion). On désigneen général par le terme modularité etévolutivité les conditions de cette évolution.
Les principales fonctions d'un convertisseur
Les fonctions de calcul :
Assurer la conversion d'un montantélémentaire d'une monnaie participante vers une autremonnaie participante
Equilibrer les totaux d'une opération impliquant deuxmonnaies participantes (notamment équilibrage des arrondis deconversion)
Générer les écarts de conversionrésultant des calculs élémentaires ourécapitulatifs
Informer l'utilisateur sur la monnaie manipulée :gestion des libellés
Contrôler la cohérence et la vraisemblance àl'entrée du flux.
Les fonctions de gestion d'arrondis
Récupérer l'arrondi résultant ducalcul
Distinguer les arrondis de flux et les arrondis de stock
Incrémenter l'arrondi à un résultatantérieur
Vérifier la cohérence des arrondis antérieurs
Les fonctions de stockage et de recherche
Archiver des flux échangés en vue deleur réutilisation ultérieure
Faire les recherches sur des flux antérieurs, sur descritères de montant, de date
Simuler l'antériorité sur des historiques en monnaienationale
Les fonctions de présentation
Formatage du résultat de calcul, de l'arrondi, dulibellé de la monnaie
- affichage " miroir " dans une ou plusieursmonnaies participantes
Les fonctions d'échange
- identification du flux échangé (type,monnaie)
- authentification de l'émetteur et du destinataire
Les fonctions d'aide au pilotage
- suivi de la montée en charge
- messages d'alertes sur flux atypique ou incohérent
Le déploiement et le basculement
Dans le cas d'un déploiement significatif (plusieursdizaines, voire plusieurs centaines de postes), il faut êtreparticulièrement attentifs aux points suivants :
- la communication : est un facteur essentieldans la réussite d'un déploiement. L'utilisateur doitdisposer d'une information anticipée et claire sur lesobjectifs du déploiement. Cette communication doit êtrerelayée par un correspondant local, qui signalera, lesdysfonctionnements possibles.
- la formation (si possible sur site et à l'aide d'unEnseignement Assisté par Ordinateur et de présentationsmultimédia), de tous les utilisateurs avant la mise enexploitation des modifications est indispensable.
- le déploiement des sites opérationnels : laplanification du déploiement doit bien intégrer danstoutes ses phases un facteur de risque de dérapage etprévoir un délai de sécurité avant lamise en service. A noter que dans le cas particulier d'unfonctionnement en architecture client/serveur, la phase de diffusionde la nouvelle version du logiciel peut s'avérer trèslongue en fonction du volume des programmes et du nombre de sitesà servir.
- l'assistance aux utilisateurs doit prévoir la mise enplace de correspondants locaux informatiques, qui assurent un supportde premier niveau aux utilisateurs d'un site, ainsi quel'installation d'un SVP technique et fonctionnel pour l'assistance desecond niveau.
Le basculement est la période pendant laquelle les nouveauxmodules applicatifs vont devenir opérationnels et permettre lepassage effectif à l'euro.
Les études en amont auront déterminé ladurée de cette période (en une nuit, sur plusieursjours, fractionnée,...) et les traitements à effectuernotamment sur les données historiques de grand volume(les statistiques en francs sont converties en euro ou sontprésentées sous les deux formes pendant une certainepériode).
Par rapport à d'autres basculement, celui de l'eurocomporte deux caractéristiques. Les modificationsspécifiques à l'euro pourront être prêtesplusieurs mois avant la date officielle de basculement. Entre cesdeux dates (fin des modifications et basculement), d'autresadaptations fonctionnelles pourraient êtredéveloppées sans que les modifications" EURO " aient été activées. Ceciimposera que toute programmation ultérieure à cellessur l'euro n'entraîne aucune altération de laprocédure euro. De plus, pour une opération devantêtre considérée comme globale, deux basculementspeuvent être nécessaires : le premier àpartir du 1er janvier 1999 et le deuxième enjanvier 2002.
Les auteurs du présent fascicule soulignent que l'ensemblede la préparation du passage à l'euro, de par sacomplexité et sa multitude d'intervenants, ne peut en aucunefaçon être totalement confié à unprestataire extérieur. En particulier, il est indispensableque la maîtrise d'ouvrage conduise directement les principalesétapes de ce processus et décide de façonpleinement indépendante des choix stratégiques, desexigences de qualité de service, du plan d'action et desmoyens à mettre en oeuvre.
L'importance des structures internes du pilotage (comitédirecteur, chefs de projets, outils de planification et de suivi,dispositif d'échange rapide d'informations et de signalementdes incidents et des besoins imprévus) est à nouveausoulignée.
Sous cette réserve, la maîtrise d'ouvrage et lesresponsables informatiques de chaque organisme pourront, en tant quede besoin et en fonction de leurs compétences disponibles,avoir recours aux prestations de conseil, d'ingénierie et deservices proposées par les SSII selon la typologiesuivante :
1. l'approche globale : assistance à maîtrised'ouvrage pour :
- l'étude stratégique d'ensemble
- l'étude ciblée (" audit flash ")
- l'étude des enjeux
2. l'étude d'impact :
- conseil et ingénierie pour laréalisation de diagnostic fonctionnel et technique desapplications
- assistance pour la conception de scénarios
3. la mise en oeuvre opérationnelle :
- assistance à la gestion et au pilotage deprojets
- mise à disposition de plate-forme technique dedéveloppement et de conversion
- assistance pour la modification des programmes
- assistance utilisateur et centre d'appels
- actions de communication et de formation
- expertise pour la mise en place de tests et de simulations
- assistance au déploiement
- organisation de la continuité de service lors dubasculement.
Ministère de l'Économie, des Finances et del'Industrie,15/07/1997