Rapport de l'AUME
(association pour l'Union monétaire del'Europe)
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SOMMAIRE
1- Les avantages del'Union monétaire s'accroissent avec la taille
La décision d'un paysd'adhérer à l'union monétaire dépend deconsidérations sur le rapportcoût/bénéfice. Tous les bénéficesgrandissent avec la taille de l'Union elle-même. Lescoûts dépendent, eux, des choix politiques.
Bénéfices:
Un monnaie solide et forte qui inspire confianceapportera les avantages suivants à ses membres:
- les économies sur les coûts destransactions en monnaie unique augmenteront avec la taille dumarché
- Une zone monétaire plus grande aura desavantages financiers supérieurs à une zone plus petite.L'effet global sera une meilleure liquidité et une meilleuretransparence des prix. Les taux d'interêts baisserontstructurellement.
Une grande monnaie avec des marchés financiersimportants sera plus facilement utilisée dans les transactionsinternationales. Les économies d'échelle augmenterontla compétitivité des entreprises européennes surles marchés mondiaux.
La suppression des incertitudes de changeréduira en outre la prime de risque sur les tauxd'intérêts réels et entraînera uneaccélération de l'investissement et de la croissance.Plus la zone monétaire sera grande, plus les gains serontimportants.
Coûts :
Les coûts de l'adhésion à lamonnaie unique sont de deux ordres: à court et à longterme. En conséquence, l'évaluation des coûts etdes bénéfices de l'Union monétairediffère selon qu'on privilégie les objectifs àcourt ou à long terme
Le coût de l'abandon de l'arme des taux dechange est à court terme. Car à long terme, lesdévaluations opérées pour répondreà une crise mènent à l'inflation, aux tauxd'intérêts élevés et à ladéfense des salaires réels. Du coup, l'arme des taux dechange est inefficace à longue échéance. Et ducoup, abandonner les taux de change n'est pas un coût, mais unbénéfice.
A long terme, les coûts de l'adhésionà l'Union monétaire n'apparaitraient que si laqualité du pouvoir d'achat de la monnaie étaitinsuffisance pour permettre aux citoyens de croire en l'utilisationde cette monnaie.
De ce fait, une Union monétaire durable imposeun maintien de la stabilité des prix.
Le processus de convergence sur les dixdernières années montre que les choix politiques ontconvergé dans le sens d'une stabilité des prix àlong terme. Les taux d'inflation et les taux d'intérêtont atteint des niveaux historiquement bas et les taux de change sontrestés stables pendant une période suffisamment longue.Les marchés croient que l'euro sera une monnaie solide etstable.
En conclusion, tous les pays ont intérêtà faire de l'union monétaire un zone monétaireaussi grande que possible, puisque les bénéficesaugmenteront avec la taille de l'Union.
2-La stabilité des prix est assurée par l'unionmonétaire
Les choix politiques ont varié aucours des 20 dernières années. Mais la stabilitédes prix est maintenant un objectif d'intérêtgénéral. Les pays ont appris à vivre dans unenvironnement de faible inflation. Comment l'union monétairegarantira-t-elle le maintien d'un tel comportement?
La Banque centrale européenne, gardienne de lastabilité des prix
Le traité de l'union monétaireétablit clairement le choix prioritaire de la stabilitédes prix avant tout autre objectif
Le traité de Maastricht institutionnalise unsoutien mutuel et des contraintes fortes sur les politiquesbudgétaires.
La Banque centrale européenne (BCE) estl'institution chargée de veiller à la stabilitédes prix et aura un des degrés d'indépendance politiqueles plus élevés du monde pour atteindre cetobjectif.
Au cours des 20 dernières années il y aeu émergence d'un consensus entre les banques centrales. Atravers le monde, les banques centrales sont aujourd'hui d'accordpour faire de la stabilité des prix l'objectif primordial detoute politique monétaire. Ce sera aussi le cas de la BCE. EnEurope cet engagement est démontré par la convergencesignificative vers la stabilité des prix. Et laréduction simultanée des taux d'intérêtsnominaux depuis les années 80 est l'illustration de ceconsensus.
L'évolution des salaires, support de lastabilité des prix et du développement del'emploi
Les stabilité des prix ne peut êtregarantie que si tous les agents économiques restent en ligneavec les engagements de stabilité des banques centrales. Cecis'applique en particulier aux partenaires sociaux pour lesnégociations salariales.
Une croissance excessive des salaires augmente lescoûts de production nationaux et se reporte sur la haussegénérale des prix. Quand alors la banque centralerefuse de se résoudre à l'inflation, le blocage de lamasse monétaire ralentit la croissance économiqueréelle et crée le chômage.
Pour maintenir une inflation faible et éviterl'augmentation du chômage, le coût unitaire du travail,c'est-à-dire, les salaires ne doivent pas augmenter plus queles gains de productivité.
Les coûts unitaires du travail en Europe ontété stabilisés dans les années 90après une augmentation rapide dans les années 80 parrapport au Japon et aux Etats-Unis. Ils ont égalementconvergé au sein même de l'UE. Dans 8 pays le coûtdu travail a progressé de moins de 2% par an sur lesannées 90-96 et dans seulement deux pays les coûts dutravail ont augmenté de plus de 2,5% par an...
Les augmentations de salaires liées aux gainsde productivité sont la règle d'or pour le maintiend'une stabilité dans les relations entre partenaires sociaux.Cette règle devient même encore plus importante dans uneunion monétaire où les taux de change ne peuvent plusservir de variable d'ajustement.
Quand les coûts unitaires du travail baissentparce que les restrictions salariales maintiennent les augmentationsdu coût du travail en dessous des gains de productivité,la Banque centrale doit baisser les taux d'intérêts pourmaintenir la stabilité des prix. Ceci évite les risquesde déflation. L'addition de coûts du travail plusfaibles et de taux d'intérêts plus bas permet lacroissance et la création d'emplois.
En conclusion ce rapport démontre que, endépit des rigidités structurelles bien connues, ledéveloppement du coût du travail dans les payséligibles à l'Union monétaire ne crée pasde danger évident pour la stabilité de la nouvellemonnaie.
Dans le futur, le maintien de la modérationsalariale pendant la période initiale de l'Union, pourraitconforter l'effort de stabilité de la BCE et améliorerla situation de l'emploi en Europe.
3-L'union monétaire aide à consolider les financespubliques
La consolidation des finances publiques aprogressé dans les 15 pays de l'UE. Ceci a étéobtenu par les politiques fiscales restrictives etl'amélioration de l'environnement macro-économique dansles années récentes avec taux d'intérêtsplus bas et croissance plus forte.
Bien que dans la plupart des pays on continued'observer des évolutions anticycliques, ceci ne semble pasavoir entraîné de hausse des niveaux d'endettement. Cesont plutôt le fardeau des hauts taux d'intérêtset la faible croissance qui ont été les principalescauses de l'augmentation des ratios d'endettement des payseuropéens.
Les évolutions des politiques fiscales ontété de pair dans les années récentes avecdes finances publiques et des positions budgétaires stables.Les hauts niveaux d'endettement sont sans sans signification parrapport à la stabilité de l'Union européenne. Unmaintien des orientations des politiques fiscales de cesdernières années entraînerait une stabilisationdu ratio de la dette compte-tenu des faibles taux de croissanceeuropéens. De toutes façons la rapidité del'ajustement budgétaire devrait s'accélérer sousl'effet du Pacte de stabilité et de croissance.
La capacité à faire face aux hauts tauxd'endettements de pays comme l'Italie serait plus élevédans l'Union qu'en dehors.
On attend une amélioration de la croissancedans le marché unique du fait de l'élimination durisque de change et des faibles taux d'intérêt. Ce seraune contribution importante à la consolidation des financespubliques et ceci favorisera l'investissement privé et leséconomies d'échelle pour les entreprises.
En conclusion la capacité et la volontédes pays à consolider les finances publiques sera plus grandeà l'intérieur de l'Union monétaire qu'àl'extérieur.
4-L'union monétaire européenne: un club fait pourdurer.
Les critères de convergenceprévus ayant été atteints conformémentaux critères de Maastricht reflètent une convergencesignificative des choix politiques pour la stabilité. Ceciassure la stabilité initiale de l'Unionmonétaire.
Compte-tenu du fait que les avantages de l'Unionmonétaire dépendent sur le long terme du maintien d'unemonnaie stable et forte, il serait contraire àl'intérêt des membres eux -mêmes d'agir defaçon non conforme à la stabilité des prixà long terme.
A côté des avantages économiques,l'appartenance à l'Union présente aussil'intérêt de permettre d'influer sur les choix et lesdécisions des autres membres. Cette "option-voix" est uneincitation supplémentaire pour adhérer et rester dansl'Union monétaire.
Les crises ponctuelles ne constituent pas une menacepour la stabilité de l'Union monétaire même sielles entraînent des pertes temporaires (à court terme).Les gains à court terme qu'il y aurait à quitterl'Union devraient être comparés avec les gains futursattendus à l'intérieur de l'Union après lacrise.
Le coût d'un abandon de l'Union serait plusimportant que celui de l'adhésion. Non seulement un pays quile ferait perdrait les avantages de monnaie importante, mais comme letraité sur l'Union européenne ne prévoit pas deprovision pour retrait de l'Union, re-imposer une monnaie nationaleimpliquerait une rupture du traité. A coup sûr cecimettrait le pays concerné dans un environnement hostile quiaurait vite fait de lui faire perdre tous les autres avantages qu'ily a à faire partie de l'Union.
Aussi longtemps que la stabilité des prix estassurée, les politiques monétaires etéconomiques gagnent en efficacité. Ceci contribueraaussi à la croissance économique, audéveloppement de l'emploi et à un environnementfavorable à des réformes de structures.
En conclusion la marche vers la convergence del'Union monétaire semble avoir été un purgatoirepénible pour une vie meilleure dans l'Union. Reste àsavoir si le paradis est éternel.
Résumé duRapport Au cours du premier semestre 98, La CommissionEuropéenne et l'Institut Monétaire Européenne(IME) examineront "le degré d'accomplissement d'un haut niveaude convergence durable" en référence aux fameuxcritères de convergence de l'art. 109j du Traité del'Union Européenne. Malheureusement, "Durabilité" et"maintien" sont non seulement des ingrédients essentiels pourl'évaluation de convergence lors de la sélection defuturs membres de l'Union Monétaire Européenne (UM),mais aussi pour assurer un succès à long terme de lanouvelle devise. Ceci est souvent oublié lors de débatspublics sur les valeurs de référence des quatrecritères de convergence (stabilité des prix, financespubliques, mécanisme de change, taux d'intérêtsà long terme).
Le conseil d'administration de l'Association pourl'Union Monétaire (AUME) a donc mandaté un grouped'experts européens pour évaluer le degré deconvergence durable atteint à ce jour et son évolutiondans le futur proche. Les résultats sontprésentés dans ce rapport de neuf pages. Lesrésultats peuvent être résumés comme suit:
1. La durabilité de l'UnionMonétaire Européenne dépendra d'abord de lastabilité à moyen terme du pouvoir d'achat del'euro. Des variations à court termedues à des crises économiques conjoncturelles, nepeuvent mettre en danger la durabilité d'une zone de deviseunifiée. La stabilité à moyen terme de l'eurodépendra de la politique monétaire de la BanqueCentrale Européenne (BCE), de l'évolution des salairesnominaux et du niveau de la dette publique.
2. La stabilité de la politiquemonétaire dans l'UM bénéficie d'un soutieninstitutionnel total. Ceci place la BCE dansune position où elle peut atteindre l'objectif destabilité de prix à moyen terme, même si descrises exogènes occasionnelles peuvent causer desdécalages ponctuels du niveau des prix. Il n'y a pas de raisonde croire que les préférences en politiquemonétaire des membres de la future assemblée duSystème Européen de Banques Centrales (ESCB) seraientdifférentes des objectifs initiaux qui sont de maintenir lastabilité de prix. Donc, la politique monétaire devraitcontribuer de façon significative à ladurabilité de l'Union MonétaireEuropéenne.
3. Les évolutions des marchés del'emploi et en particulier l'évolution du coût de lamain-d'oeuvre (l'un des critères de convergence selon l'art.109j du Traité de l'Union Européenne) ontété encourageantes ces dernièresannées. La croissance du coûtunitaire de la main-d'oeuvre a été convergente danstous les pays de l'Union Européenne excepté laGrèce. Ceci indique que les partenaires sociaux en Europe ontdéjà commencé à anticiper, enmatière salariale, le nouveau régime monétaireà faible inflation. La flexibilité du marché del'emploi vis-à-vis des salaires est suffisante pour restercompatible avec un Euro stable. Cependant, les niveauxélevés de chômage sont inquiétants. Ils'agit moins d'inuiétude sur la stabilitémonétaire de l'Union que sur sa tabilité politique. Sila tendance à la hausse du chômage n'est pasinversée, les problèmes politiques pourraient paralyserle fonctionnement correct des Institutions de la Communauté etceci affecterait ainsi au bout du compte l'unionmonétaire.
4. Les membres de l'Union Européenne ontaujourd'hui des politiques crédibles de gestion de la dettepublique. Des progès notables ontété accomplis par tous les pays membres, pour partie dufait de l'ajustement de leurs politiques, et pour partie grâceà une amélioration dans l'environnementmacroéconomique due à une réduction des tauxd'intérêt réels et une augmentation de lacroissance (voir tableau 1). Une analyse détaillée meten évidence ces développements dans 15 pays, (sauf enGrève où elle est moins fiable parce qu'il n'y a pas dedonnées harmonisées disponibles). Le Pacte destabilité et de croissance renforcera encore davantage lastabilisation de la dette, quoi que, compte-tenu de la croissanceéconomique actuelle, il est peu probable que les niveaud'endettement se stabilisent en dessous de 60% du PIB.L'évolution des dettes publiques en Europe renforcentl'argument en faveur del'utilisation des margesd'interprétation du critère fiscal du traité deMaastricht, en particulier ce qui se rapporte aux niveauxd'endettement. Il est clair aussi qu'il sera plus facile decontrôler les déficits budgétaires au sein del'union monétaire plutôt qu'en dehors decelui-ci.
5. Une étude détaillée parpays a montré que malgré une position où, enItalie, les finances publiques demeurent durablement difficiles, desprogrès considérables ont été accomplisau niveau des politiques économiquesvisant à s'ajuster au nouvel environnement économiqueeuropéen à faible inflation. En conclusion,l'économie italienne réelle est mieuxpréparée à rejoindre à l'unionmonétaire que ne le suggérerait un examen critique descritères de convergences. Étant donné quel'environnement macroéconomique est d'une importance crucialedans l'amélioration des finances publiques en Italie, et quel'union monétaire contribuerait à perreniser cetenvironnement favorable, la participation au premier groupe depays-membres est essentielle pour assurer une stabilitéà long et moyen terme en Italie.
6. Le Portugal a bénéficiéd'un environnement macroéconomique positif depuis plusieursannées (chute des tauxd'intérêts et croissance accrue) et atteindraaisément les critères de convergence. Cependant, ledéveloppement des salaires au début des années90 a suscité des inquiétudes. Le coût unitaire dela main d'oeuvre a augmenté de quelque 50% entre 1990 et 1992.Cependant, depuis lors, la croissance des salaires nominaux aété moindre que celle de la productivité et lecoût unitaire de la main d'oeuvre a diminué.Étant donné que le potentiel de croissance derattrapage est encore considérable au Portugal, la croissancede productivité devrait rester importante dans l'avenir. Cecidevrait permettre des augmentations de salaires au dessus de lamoyenne européenne. Cependant, il est impératif que desaccords de salaires à venir ne dévient pas trop parrapport à la croissance de la productivité, si on veutque l'histoire économique à succès du Portugalse porusuive au sein de l'union monétaire.
7. La question de la solution au problèmedu chômage de l'Europe dépasse le cadre de cetteétude. Cependant, il y a un lien entrele maintien de la stabilité monétaire et lastabilité sociale. Le passage à l'euro pourraitêtre plus facile si les partenaires sociaux respectaientcertaines règles, en oubliant les caractéristiques desmarchés nationaux de l'emploi et les comportementstraditionnels. A la base de ces règles se trouve un simplepostulat : les salaires nominaux doivent suivre l'évolution dela productivité. Ceci devrait consolider la stabilitédes prix et limiter les risques d'inflation des coûts. Ainsi,la politique monétaire pourra générer plusaisément le flux monétaire nécessaire àla croissance économique. D'un autre côté, dansune période de niveau de chômage accru, il seraitnécessaire de voir augmenter les salaires réels moinsque la productivité.
Pour 14 des 15 pays de L'UE, un degré deconvergence durable a été atteint. Mais aussi, deconsidérables améliorations ont étéfaites par le pays qui manque encore à l'appel durant lesquelques dernières années. En conséquence, iln'est pas exclu de croire que chacun des 15 pays de l'UE ferontpartie de l'union monétaire bien avant le milieu de laprochaine décennie.
Table 1: Prospectives pour unedurabilité de la dette publique à moyen terme et lesfacteurs d'incidences
Perspectives à moyen terme:
Dues à:
étroit
moyen
confortable
Efforts exclusivement fiscaux
Efforts mixtes dominés par le fiscal
Autriche
France
Espagne
Royaume-UniEfforts mixtes dominés par l'envionnement macro-économique
Portugal
Belgique
Allemagne
Italie
Suède
DanemarkEfforts liés uniquement à l'environnement macro-économique
Finlande
Pays-BasIrlande
N.B. Des données harmonisées ne sontpas disponibles pour la Grèce. Le Luxembourg n'a pas de detteimportante.