Peter Coldrick,
Sécrétaire confédéral etéconomiste
à la Confédération européenne desSyndicats

Les syndicats européens disent "Oui" àl'euro

(Source: Infeuro 10/97)


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Que représente l'euro pour le monde du travail: chance oudanger?

Ce n'est pas la monnaie unique, l'euro, qui résoudra ou nonles problèmes, qu'il agisse du déficit deséconomies européennes ou du chômage, mais bien ladynamique de l'union économique et monétaire qui lasoutend, le mouvement en profondeur qui implique la convergence deséconomies nationales, la stabilité et la croissance. Cesont ces trois données, plus que la réduction dudéficit à un chiffre mythique (3% du PNB) qui aurontà terme un effet favorable sur l'emploi. Les syndicats necroient pas qu'union économique et monétaire soitsynonyme de chômage: au contraire nous sommes favorables nonseulement à l'UEM mais à son entrée en vigueurà la date prévue. Tout retard, tout atermoiment, seraitaujourd'hui dommageable: spéculation, turbulencesmonétaires et incertitude seraient plus nuisibles àl'ensemble de nos économies et en particulier àl'emploi qu'une situation claire, même difficile.

Nous refusons cependant une interprétation tropétroite des "critères de Maastricht ". Ce n'est pas undéficit de 3,3% ou de 3,7% qui importe mais bien laconvergence effective des économies. Nous refusons demême une approche strictement budgétaire etfinancière de la question, exprimée seulement en termede déficit ou d'inflation. De même, il ne faut pasconsidérer la date du 1er janvier 1999 comme une dateoù tout s'arrête: l'objectif des 3% comme la date nesont qu'un point de départ. Ce qu'il fautimpérativement préparer c'est "l'après UEM ". Nepas relâcher l'effort parce qu'à la date prévueon a atteint les fameux 3% puis voir à nouveau leséconomies nationales repartir en tous sens. Nous pensons qu'ilfaut une interprétation non mécanique, en terme de"tendances " de ces critères. Ce sont ces tendances quidevront être maintenues après 1999. Il n'est pas bon des'arc-bouter sur des chiffres : à la limite, cela fait monterla pression de façon artificielle. Ce qui se passe en Franceet en Allemagne est à ce titre exemplaire. Cela introduit dansl'opinion publique un facteur psychologique négatif. Plus ladate où il faudra annoncer les pays admis à participerà la première "vague " se rapproche, plus ce facteurpsychologique prend de l'importance. Il incombe aux politiques demieux informer le public. Dans ce contexte, le pacte destabilité et de croissance est essentiel tout comme le faitd'y avoir associé - enfin - une composante "emploi ". Ilimpose aux gouvernements d'intégrer d'autres politiques,positives et actives en terme de croissance et d'emploi àcelle qui consiste à ne concevoir l'UEM qu'en terme derestriction des dépenses publiques. Il faut convaincre lesopinions publiques que l'UEM représentera une zone destabilité, de croissance et d'emploi. L'euro, c'est aussi,sinon surtout, une question de confiance. C'est pourquoi, il n'estpas question d'en retarder l'introduction. Toute hésitationaujourd'hui serait un très mauvais signe. Cela engendreraitune nouvelle crise de confiance, elle-même peu propice àde nouveaux investissements. Avec des conséquencesnégatives certaines pour l'emploi.


Les syndicats ont-ils procédé à uneévaluation détaillée de l'impact de l'euro surl'emploi?

Nous n'avons pas fait d'analyse sectorielle spécifique. Ilest probable que les indispensables restructurations dans l'un oul'autre secteur particulieraient des répercussions surl'emploi. Notre analyse est macro-économique. De ce point devue, l'UEM ne peut être que positive, à terme, pourl'emploi. Par ailleurs, nous préparons activement le Sommetsur l'Emploi de l'automne prochain, décidé, dans lafoulée lors du Conseil européen d'Amsterdam: c'est dansce sens que nous affinons notre analyse et que nous entendonsdéfinir notre position, voire élaborer des propositionsconcrètes que nous présentons à laprésidence luxembourgeoise cet automne. Il importe de ce pointde vue de mettre en oeuvre pleinement le nouveau titre "Emploi "inclus dans le Traité révisé: la participationdes partenaires sociaux est ici essentielle.


Concernant l'introduction de l'euro, quelles sont lespréoccupations des syndicats?

En dehors de toute la problématiqueéconomico-politique évoquée ci-dessus, lesquestions propres à l'euro sont essentiellement techniques etd'ordre pratiques: elles portent notamment dans le secteur social surles taux de conversion, qui concernent tous les domaines et secteurs,des salaires aux tickets de métro. Il faudra veiller àce que ces conversions soient "équitables ", qu'elles soientcalculées sur les mêmes bases pour tous. Il en est demême en ce qui concerne la formation des travailleursdirectement ou moins directement concernés, de l'organisationde cette formation, de la prise en charge en financière.Toutes ces questions pratiques sont encore en suspens et font l'objetde réflexions. Il est certain toutefois que les partenairessociaux - organisations professionnelles et syndicats - seront desinterlocuteurs incontournables en la matière.


Dernière mise à jour:12/12/97