L'EURO, UNE CHANCE POUR LA FRANCE, UNE CHANCE POURL'EUROPE


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L'avènement prochain de la monnaie européenne nousconcerne tous : Français et citoyens de l'Unioneuropéenne. Et pourtant qu'en savons-nous exactement ?L'Europe, trop souvent présentée comme une abstractionet comme une source de contraintes, va enfin se concrétiserdans notre vie de tous les jours d'ici moins de cinq cent jours.

En effet, dès le 4 janvier 1999, les épargnants sefamiliariseront avec la monnaie unique : les obligations, la cotationdes actions, la valorisation des sicav et des fonds communs deplacement, notamment, seront exprimés en euros. Lesconsommateurs, avant même l'introduction des pièces etdes billets (janvier 2002), pourront régler leurs achats dansla nouvelle monnaie sous forme de chèques et de paiements parcarte. Les entreprises, en particulier, celles qui ont uneactivité internationale, pourront basculer tout ou partie deleurs activités (facturation, trésorerie,règlements...) en euros.

L'Union européenne, les Etats membres et de nombreusesentreprises ont d'ores et déjà engagé lespréparatifs pour l'introduction de l'euro. Celle-ci neconstitue pas une fin en soi. Elle cimentera le rapprochement descitoyens européens, auxquels elle offrira davantage debien-être, de cohésion et de capacités d'action.

Sommes-nous pleinement conscients de la portée de cetévénement ? Mesurons-nous les enjeux et lesopportunités engendrés par la réalisation del'Union économique et monétaire ?

Savons-nous que l'euro apportera :

1 - Le complément logique du marchéunique. L'Europe a assez souffert des fluctuations de change depuisvingt-cinq ans pour ne pas chercher à fixerirrévocablement les taux de conversion des monnaies de sesEtats membres. Ne pas le faire, c'est nous condamner àencourir le risque de crises spéculatives, et à enpayer indéfiniment le prix, notamment sous la forme de tauxd'intérêt plus élevés.

2 - Une référence commune des prix dans les paysappartenant à la zone euro, ce qui développera laconcurrence et stimulera les échanges. Elle assurera ainsi desprix attractifs et effectivement comparables pour les consommateurs,dont les choix seront facilités par une offre de services dequalité croissante.

3 - Une gestion saine des finances publiques. Celle-ci est detoute façon indispensable. Mais coordonnée àl'échelle européenne, elle favorisera la croissance ausein d'un grand marché homogène, facilitera lamodération des impôts et des taux d'intérêtbas. Elle bénéficiera aux investisseurs, auxconsommateurs et aux entrepreneurs qui pourront ainsidévelopper la recherche, l'activité et l'emploi.

4 - L'élargissement des possibilités de financementdes entreprises et de placement de notre épargne dans unmarché financier européen de taille mondiale.

5 - Une source de simplification et d'économie dans lestransactions au sein de l'Union (disparition du risque de change,paiements transfrontaliers moins coûteux...).

6 - Une monnaie reconnue qui concurrencera le dollar et le yen.L'euro donnera à l'Europe, première puissancecommerciale mondiale, l'expression de sa véritable dimensionéconomique. La Banque centrale européenne assurera lastabilité du pouvoir d'achat tant dans notre vie quotidienneque dans nos déplacements à l'étranger. L'eurosera ainsi le symbole concret de l'identité européenneet assurera à l'Union européenne une position centraledans le concert international.

7 - Dans une Europe unifiée par l'économie et lamonnaie, les citoyens et les entreprises, disposant désormaisd'une totale liberté de mouvement, pourront alors naîtredans les domaines sociaux, culturels et politiques. Ainsi se forgeraune Europe plus harmonieuse et plus démocratique.

Tous ces attraits de l'euro sont encore trop mal connus despopulations européennes. Or l'adoption réussie de lanouvelle monnaie exige la confiance de tous, ce qui nécessitel'émergence d'un enthousiasme fort, expression d'uneadhésion partagée. Il n'est que temps de susciter cetteprise de conscience et cette appropriation de l'euro à tousles niveaux/ La publication rapide d'un schéma de passageà l'euro pour l'ensemble de la sociétéfrançaise constitue, à cet égard, une urgence.

Depuis des siècles, l'Europe a recherché, par desvoies souvent éphémères ou condamnables, uneunité durable. Elle n'y est jamais totalement parvenue, carles valeurs d'égalité, de liberté et defraternité n'ont jamais réussi à s'harmoniserdurablement dans un cadre pacifique et démocratique.

Aujourd'hui, le traité de l'Union européenne,ratifié par le peuple français en 1992, offredésormais une base solide pour tous les Etats membres. Atravers l'Union économique et monétaire, c'est lasociété européenne de demain que nousbâtissons ensemble pour nous-mêmes et pour nos enfants.Une société fondée sur des valeurs humanistes etune culture à laquelle ont contribué tous les peuplesde l'Union européenne. Ne laissons pas passer cette chance!

Des voix s'élèvent encore de temps à autrespour inciter au doute et au rejet. Serons-nous prêts àtemps ? Une telle union sera-t-elle durable ? L'euro n'est-il pas unfacteur de chômage ? Tous ces efforts ont-ils un sens ?

Ces interrogations sont surtout la manifestation d'un manque deconfiance en nous-mêmes et en notre capacité àfaire face aux défis du monde d'aujourd'hui. L'Europeretrouvera la voie de la prospérité et du plein emploique par la mobilisation des énergies et le respect commun desrègles de bon sens (saine gestion économique,maîtrise des budgets...). Les efforts consentis hier etaujourd'hui en ce sens feront demain la force de l'Unioneuropéenne et assureront durablement notreprospérité ainsi que notre rayonnement dans un monde deplus en plus interdépendant.

Au sein de l'Union, les pouvoirs publics français etallemands notamment déploient une déterminationcontinue pour respecter les échéances de l'Unionéconomique et monétaire.

Il est grand temps que les acteurs économiques et sociauxintensifient leurs travaux d'adaptation pour bénéficierdes avantages de cette mutation sans précédent. C'estau prix d'un tel engagement que les citoyens, informés de cesenjeux et de ces attraits, participeront alors positivement àl'émergence de la monnaie européenne. L'euro toucheraà bien des aspects de la vie sociale, par exemple lefonctionnement des entreprises, des associations, des administrationset le quotidien du particulier. Ses bienfaits seront d'autant pluseffectifs que les préparations techniques aurontété engagées et achevées le plustôt possible. C'est en levant au plus vite les contraintes dubasculement que banques et entreprises pourront saisir lesopportunités de croissance nouvelle ainsi offertes. Il s'agitd'une course contre la montre dont tous les acteurs doiventêtre pleinement conscients.

C'est une chance mais aussi un devoir que de préparer auplus vite.

L'euro sera l'un des piliers d'une cohésion nouvelle. C'estun acte de confiance dans l'avenir, un facteur d'espérance etd'optimisme, qui permettra à l'Europe de mieux affirmer sadestinée et d'entrer de plain-pied dans un XXIèsiècle fondé sur la paix et la liberté.

 


 

Michel Albert, membre du Conseil de politique monétaire; Edmond Alphandéry, président d'EDF ; Jacques Attali,conseiller d'Etat ; Robert Baconnier, président du directoiredu Bureau Francis Lefebvre ; René Barbeyre, présidentdu directoire du Centre national des Caisses d'épargne et deprévoyance ; Claude Bébéar, présidentd'AXA-UAP ; Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain ;Christian Blanc, ancien président d'Air France ; Christian deBoissieu, universitaire, économiste ; Jean Boissonnat,journaliste ; Philippe Bourguignon, président du ClubMéditerranée ; Monique Bourven,président-directeur général State Street BanqueSA ; Hervé Carré, directeur des affairesmonétaires à la Commission européenne ;Jérôme Clément, président de laCinquième ; Bertrand Collomb, président de Lafarge ;Paul Coulbois, professeur émérite desuniversités ; Lucien Douroux, directeur généralde la Caisse nationale du Crédit agricole ; Jean-RenéFourtou, président de Rhône-Poulenc ; Jean-Marie Gorse,président national du Centre des jeunes dirigeants (CID) ;Gilbert Hyvernat, directeur de la Croix-Rouge française ; JeanKahn, président de la Commission consultativeeuropéenne « racisme-xénophobie » ; PhilippeLagayette, directeur général de la Caisse desdépôts et consignations ; Pascal Lamy, directeurgénéral du crédit lyonnais ; Jacques deLarosière, président de la BERD ; DanielLebègue, vice-président de la BNP ; Robert Léon,gérant de Qalis CSA ; Edmond Malinvaud, professeur honoraireau Collège de France ; Gérard Mestrallet,président du directoire de Suez-Lyonnaise des eaux ; JeanMiot,; président de l'AFP ; Thierry de Montbrial, membre del'Institut ; Etienne Pflimlin, président du Créditmutuel ; Jean-François Pons, directeur généraladjoint à la Commission européenne ; René Ricol,président du Conseil supérieur de l'ordre desexperts-comptables (CSOEC) ; Jacques Rigaud, président de RTL; Gérard Trémège, président del'Assemblée des chambres de commerce et d'industrie.