L’Europe, Fléau du Monde

(mars 2004)

Europe Fédérale ou Europe des Etats-Nation ? Europe-Puissance ou Europe-grand marché ?  Alors que nous nous apprêtons à renouveler le parlement d’une Europe réunifiée, voilà les  questions qui devraient occuper le centre du débat politique.

Au-lieu de cela, il semble que l’Europe soit aujourd’hui instrumentalisée au profit de simple enjeux nationaux, seuls horizons de partis de fait peu enclins à assumer leur responsabilité Historique : celle d’articuler, et de proposer au monde un nouveau modèle de société solidaire adaptée aux nouvelles réalités techniques, culturelles, sociales, économiques, et politiques d’un monde globalisé.

Une société solidaire. Même si le « progrès » est une force historique à l’évidence toujours à l’œuvre, il ne bénéficie pas également à tous. Il revient donc à la puissance publique de mettre en œuvre les règles de solidarité et de dignité nécessaires. Cette solidarité s’exprime aussi dans le maintien et  mise en œuvre de services publics de qualité assurant l’accès aux ressources et services universels.

Une nouvelle distribution des pouvoirs : une communauté humaine de près de 400 millions d’individus ne peut fonctionner de manière centralisée. Les problèmes doivent donc être résolus au niveau le plus adapté. Cette subsidiarité implique une structure et un fonctionnement en réseau.

Des intelligences à l’œuvre : le principe de subsidiarité implique que les intelligences et les responsabilités soient mise en œuvre à tous les niveaux d’organisation de la société, jusqu’à l’individu. Education et recherche sont donc prioritaires. Ce n’est plus nourrir l’Europe qui est aujourd’hui important, c’est l’instruire et la former.

C’est donc bien un nouveau modèle démocratique qu’il s’agit de proposer au monde. Face à des Etats-Unis aux tentations hégémoniques, et à une Asie qui monte en puissance – et dont la chine est le géant de demain – l’Europe a véritablement un vision alternative à offrir.

Si les USA sont incontestablement une démocratie, ils restent toujours basés sur un modèle de capitalisme anglo-saxon, naturellement suspicieux vis-à-vis de la puissance publique, et ou l’individualisme est sanctifié. Le darwinisme social et économique y est exacerbé, et les réussites individuelles croissent sur le terreau de l’injustice sociale et de la pauvreté.

Le modèle asiatique, né au Japon d’abord, puis mis en œuvre chez les Dragons asiatiques (Hong-kong, singapour, Corée) est quant à lui basé sur une capacité exemplaire à mettre en œuvre des projets collectifs. Mais cette forme différente de capitalisme relègue les individus au second plan : tout doit schématiquement être mise au service de projets collectifs, qu’ils soient politiques ou économiques, aux détriments des désirs ou des libertés individuels.

Le modèle Européen se doit, lui, d’être un modèle d’équilibre. Equilibre entre liberté individuelle (dont celle d’entreprendre) et solidarité, équilibre encore entre économie de marché et service public, équilibre toujours entre développement technique et protection de l’environnement, équilibre enfin entre centre et périphérie.

Dans cette balance des modèles, entre un plateau américain et un plateau asiatique, l’Europe doit donc littéralement être le fléau du monde. Point d’équilibre et d’équité, nouveau point fixe d’une démocratie qui a vocation à devenir planétaire, ou ne pas être.

Télécharger : L_europe_fléau-du_monde