On vient d’inventer l’écriture.
Seuls quelques grands prêtres maitrisent la nouvelle invention, et quelques un d’entre eux seulement ont la vision des changements radicaux qu’elle porte.
Compter, transmettre, mémoriser, acter, mais aussi prier, conter, apprendre.
Les Archontes, les monarques, les ministres, les commerçants ont fini par apprendre la nouvelle et s’enquièrent de la chose, de sa nouveauté, de sa puissance et de sa difficulté.
Ils s’entourent d’experts, d’érudits, dont seuls certains connaissent les arcanes, et d’autres croient les connaître pour avoir maladroitement tracé quelques signes sur l’argile fraiche. Les érudits décident d’étudier le phénomène, et créent des comités, pour peser le pour et le contre, identifier les dangers et les opportunités, et proposer, peut-être, de faire quelque chose.
Que faire de l’écriture ? Doit-on écrire à l’école ? Est-ce dangereux pour les enfants ? Peut-on commercer et écrire ? N’est-ce point une perte de temps ?
De ces doctes cercles sort enfin une interrogation : « Et maintenant, quelles politiques scripturales ? »…
C’est exactement la situation dans laquelle nous sommes avec le numérique et avec la question de ce débat. Le jour où l’écriture est inventée, elle porte en elle la transformation totale de toutes les organisations humaines, politiques, commerciales, guerrières, culturelles. Et la question n’est donc pas de savoir quelles politiques mettre à son service, mais comment transformer la politique par l’écriture.
Ne demandez pas ce que vous pouvez faire pour le numérique ! Mais demandez plutôt ce que le numérique peut faire pour vous !
(Juillet 2012)
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