La Révolution 3D est à venir !

Réalité augmentée, Réalité virtuelle, immersion… Ces termes deviennent non seulement quotidiens, mais surtout « grand public ». Des dispositifs hier très coûteux, confinés aux labos de recherche, sont maintenant disponibles pour quelques centaines d’euros. Les média s’extasient et les superlatifs succèdent aux superlatifs.

Ceux qui s’intéressaient à ces sujets depuis longtemps pourraient s’en réjouir, en voyant enfin leur vision devenir réalité. Ils peuvent aussi, et plus encore, s’inquiéter que cette vulgarisation ne soit aussi un affadissement de la promesse.

Pour étonnantes que soient ces technologies, il faut se garder de croire qu’elles suffisent en elles-mêmes pour produire de l’innovation. Il en va en effet de ces avancées comme de celle de l’impression 3D : combien d’écoles, combien d’agences, ont investi dans des imprimantes 3D, téléchargé des têtes de Yoda, puis imprimé ces objets, pour les réimprimer une deuxième fois et probablement pas une troisième, en s’apercevant qu’il fallait avant tout concevoir des objets, les modéliser, et les rendre imprimables.

Il en va de même avec les technologies d’immersion, comme avec toute technologie de rupture, où nous sommes souvent saisis d’ivresses numériques. Si ces technologies sont pleine de promesses, elles nous invitent surtout et plus que jamais à faire du design.

Faire du design, c’est à dire à faire de la 3D un espace de pensée, un espace de création, de conception, de simulation, de narration, et surtout un espace d’expérience. Plus qu’une technologie, la 3D est un paradigme qui nécessite d’être à la fois construit et habité par un nouveau type de professionnels: des designers d’expérience 3D.

La révolution 3D est donc encore à venir, et ce sera celle du design. Il s’agit là de concevoir PAR et POUR la 3D, en faisant de la 3D l’Alpha et l’Omega d’une démarche de conception, en en faisant à la fois le contexte de la conception et le contexte de l’expérience.

De plus en plus d’expériences humaines, privées ou publiques, sérieuses ou ludiques, personnelles ou professionnelles seront des expériences immersives, passives ou interactives. Et ce sont toutes les industries qui seront demandeuses ! Le Retail, la banque, l’assurance, la finance, l’industrie lourde, seront pourvoyeuses d’expériences immersives. Les analystes de big data, les chirurgiens comme le simple consommateur en seront les bénéficiaires.

Il faudra bien que des designers les imaginent, les conçoivent, les testent et les mettent en scène. Ces designers encore à former viendront de filières de modelage et de modélisation, ils sortiront d’écoles d’ingénieurs, d’école de design, mais aussi de l’univers du jeu vidéo.

Car s’il y a bien un univers qui préfigure la prédominance d’expériences 3D, quand il ne le prophétise pas, c’est bien celui du jeu vidéo. Combien de  jeunes passionnés rêvent d’intégrer le « monde merveilleux » du jeu vidéo, avec l’espoir de concevoir un jour un grand titre, dans un univers fascinant, une mise en scène spectaculaire, et une jouabilité parfaite ? Ils sont pléthores ! Et combien réaliseront ce rêve ? Très peu. Il y a là un réel gâchis de talent qui pourrait être évité en orientant ces enthousiasmes vers un métier d’avenir comme celui de designer d’expérience 3D.

Toute technologie a vocation à nous servir et plus encore à servir le projet humaniste de l’émancipation et du vivre ensemble. La 3D n’échappe pas à la règle, et il nous faut donc former les professionnels attentifs aux vies de leurs contemporains, qui sauront faire de la virtualité et de l’augmentation du réel, des leviers d’expérience et de développements humains, et non succomber à la myopie numérique.

>>Lire ici l’article sur le Huffington post