Après avoir été un espace de liberté sans pareil, le web pourrait donc devenir le lieu de toutes les surveillances. Celles de nos goûts, nos opinions, nos amitiés et nos vagabondages. Il y a des raisons de craindre que l’écran ne se transforme en œil, si le régulateur s’y engouffre, ou pire encore, l’ignore au profit des marques et des officines.
Le plus grand des dangers, pourtant, ne vient pas de l’écran, et de ceux qui s’y cachent. Le danger potentiel, c’est l’objet. Longtemps, l’espace de l’homme s’est défini et construit par et autour d’objet matériels. Outils, machines, décorations, meubles peuplaient et construisaient à la fois nos espaces de vie, qui nous protégeaient. C’en pourrait être fini.
Que devient cette protection quand tous ces objets communiquent et collaborent dans un réseau qui les rend visibles, et partant, nous avec ? Quelle belle et magique promesse pourtant que de pouvoir vivre entouré d’objets attentionnés ! Dotés d’intelligence, percevant nos besoins et les satisfaisant, ces objets en réseau peuvent aussi se transformer en un système bavard et dénonciateur.
La technologie ne nous sera d’aucune aide, pour empêcher les objets de cafter. Seul le régulateur a les moyens, par la loi et les normes, d’empêcher qu’ils ne nous espionnent, et que métamorphosés ils continuent ainsi de mieux nous servir, mais en toute discrétion.
(Avril 2010)
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