Je suis athée, résolument, rationnellement, athée.
Mais je suis le fils d’un homme qui croyait, passionnément, en une présence et un projet divins.
J’ai eu de tout temps avec lui un dialogue profond, riche, technique, respectueux (et humoristique) sur ce sujet comme sur tant d’autres.
Je vous donne à lire ici une discussion assez longue qui eut lieu sur le blog de mon père, disparu depuis en juillet 2011.
Vous y croiserez les avis de Paul Sciamma (mon père), qui initia la discussion, mais aussi de 3 autres personnes : Jean Soulier, Itah Sowiloï, et Dominique Sciamma.
Il faut savoir que ces 3 personnes n’en font en fait qu’une, à savoir votre serviteur, ce que savait parfaitement mon père, qui a joué le jeu avec malice.
Le plus drôle cependant est qu’une autre personne s’est invitée dans la discussion, qui ignorait ce fait, et qui jouait les uns contre les autres pensant alimenter la polémique.
Voici cette discussion.
Paul écrit : DIEU ET LES LOIS IMMUABLES –
Jeudi 23 avril 2009
Je m’adresse maintenant à ceux qui ne croient pas en Dieu.
Il y a 14 milliards d’années le big bang .
Pendant 380 000 ans, un magma informe de gaz excessivement chauds; puis l’univers se refroidissant, ont commencé à se composer des particules , électrons, neutrons, protons, puis des atomes, particulièrement d’hydrogène et d’hélium, puis des étoiles sont nées . Et tout cela pendant un milliard d’années, d’après des règles bien arrêtées suivant des lois durables et qui se sont propagées inchangées pendant douze milliards d’années jusqu’à nos jours .
Aujourd’hui les étoiles qui naissent sont soumises aux mêmes lois : elles brûlent leur hydrogène puis leur hélium ; puis les réactions nucléaires créent des atomes de carbone, de silicium, puis de fer et des atomes lourds.
Comment imaginer à cette continuité cette soumission de l’univers à des lois de plusieurs milliards d’années sans penser à un concepteur ? Et les étoiles ne se sont pas faites toutes seules. Il a bien fallu une esprit supérieur pour en concevoir les lois de naissance et de développement .
Et je ne dis rien des règnes minéral, végétal et animal que régissent des règles inchangées depuis qu’ils existent sous la forme que nous leur connaissons. Je pense à un corps de vertébré où chaque organe a sa place et sa fonction selon des lois immuables que seul le hasard (conçu aussi par Dieu) et la manipulation de l’homme peuvent altérer.
Si les lois étaient nées spontanément d’elles-mêmes, comment se fait-il qu’elles n’aient pas évolué, se diversifiant à l’envi. Ces lois immuables s’imposent à l’homme qui les découvre et les formalise
La régularité de ces règles, leur pérennité implique que leur concepteur ait au moins le même âge qu’elles.
Et si notre univers procède d’un autre univers éternel , Dieu aussi est éternel
Jean Soulier répond
le 10 mai 2009
Cher Paul,
C’est un argument ancien, et à mon avis assez vain, que d’invoquer l’ordre mesurable et visible dans l’univers pour imposer la nécessité d’une volonté de cet ordre.
Vous le dites vous-même, il semble que l’univers entier se soit construit à partir de lois (c’est-à-dire de forces) en nombre très limité, et tout ce qui est « visible » (c’est-à-dire mesurable) dans l’univers, depuis la forme de l’espace, la matière qu’il contient, l’organisation de cette matière, sa complexification, jusqu’à la vie elle-même, TOUT est la conséquence de la mise en œuvre de ces forces, si peu nombreuses soient-elles.
Les sciences physiques et biologiques, sont construites à partir de ces lois, et s’appliquent à « expliquer », c’est-à-dire justifient, la manière dont l’ensemble des objets de l’univers se sont construits à partir de ces lois, de l’atome aux étoiles, du virus à l’être humain. L’ordre de l’univers s’exprime donc dans l’organisation de la matière, induite par ses lois. Aucune volonté ne s’exprime dans ce déterminisme, rien que ces forces.
Ceci signifie que, si une volonté s’est exprimée, elle ne s’est exprimée que dans la création de ces forces, et non dans leur mise en œuvre.
Si la question du divin se pose, elle ne peut donc se poser qu’à l’origine.
Tout le reste échappe à cette hypothétique intention créatrice. Et c’est un argument fort pour justifier que l’on ne s’embarrasse pas de cette hypothèse, puisque nous n’en avons pas besoin pour expliquer la construction du monde.
De plus, il se trouve que les dernières réflexions théoriques en cosmogonie, étroitement liées à la théorie des cordes, non seulement « expliquent » ce qui était hier « posé » (les 4 forces, les particules élémentaires, etc.) mais évoquent aussi la possibilité théorique que notre univers – et sa création – ne soit qu’un événement banal, c’est-à-dire un parmi des quantités d’autres, et que des milliards d’autres univers, qui plus est dans des dimensions autres que les nôtres, coexistent à côté du nôtre.
S’il y a donc un créateur, il s’agit d’un créateur compulsif, et qui banalise chacune de ses créations en les multipliant.
Je ne vois donc pas l’utilité, la nécessité d’essayer de « démontrer » qu’un Dieu, fut-il aimant ou terrible, soit à l’origine du monde, et encore moins à son chevet.
La foi ne peut relever de la raison, il ne faut donc pas l’invoquer pour justifier ce qui relève de l’expérience intime.
La poésie est probablement plus adaptée à l’exercice du partage de cette « vérité » dont vous êtes persuadé.
En ce sens, mon Cher Paul, vous êtes un poète.
Il n’est jamais trop tard pour le découvrir.
Je vous embrasse
jean SOULIER
Paul répond à jean Soulier : DIEU ET L’ORDRE
le Dimanche 10 mai 2009
En commentaire au commentaire de Jean Soulié
Les lois ne se sont pas faites d”elles mêmes et l’ordre ne s’est pas auto-organisé .Aucune science n’explique la naissance de ces lois ni n”explique ce qui confère à ces lois leur caractère de perénnité. Tu parles de la mise en oeuvre des forces (lois): par qui ? comment ?
Quand je pense à un Dieu créateur, je n’entends pas qu’il intervienne à chaque instant dans la création, j’entends qu’il est le créateur des lois immuables de naissance de développement et d’évolution de l’univers et de ce que nous appelons ses créatures. Il a même fait une part au hasard qui comme le libre-arbitre de l’homme agit une fois dans le bon sens et une fois dans le sens du mal .
Jean Soulier répond
le 10 octobre 2009
Cher Paul,
C’est avec beaucoup de retard que je vous réponds, et je vous prie de m’en excuser.
Avant de vous répondre sur le fond – petite coquetterie de ma part – merci de ne pas écorcher mon nom, gagné de haute lutte : Soulier s’écrit avec un R et non un E, aussi aigu que fut son accent.
Pour revenir a la question, je pense que vous m’avez mal lu, très cher Paul.
Je fais bien référence dans ma réponse au fait que si Dieu a seulement créé les lois de l’univers, cela est bien vain, car il n’ y a pas d’autres manifestations de sa volonté.
Ainsi, qu’il les ait créées ou pas, il n’y a aucun moyen de mesurer, c’est a dire de prouver, son existence.
A quoi sert un Dieu dont l’existence ne se manifeste pas durablement ?
A quoi sert un Dieu qui ne serait que l’initiateur d’un projet qu’il ne suivrait pas ?
A rien.
Vous dites que l’ordre ne s’est pas auto-organisé. Mais c’est bien le contraire que la science moderne démontre !
Le darwinisme en biologie, mais la chimie pour ce qui concerne la matière inerte, ou les lois de la gravitation pour ce qui concerne l’infiniment grand, nous démontrent que l’univers s’auto-organise.
Encore une fois, seule la question de l’origine peut éventuellement justifier votre questionnement, et pourquoi pas vos réponses.
Le fait de ne pas (encore) avoir de réponse formelle définitive a la question des origines laisse une place potentielle a la question de Dieu, mais a un Dieu qui ne se manifesterait plus, comme je l’ai montré tout a l’heure.
La dynamique de la Science, qui repousse toujours plus loin l’obscurité des origines, peut nous laisser espérer qu’elle la repoussera au-delà du Big Bang.
En faisant de ce dernier un événement banal, c’est a dire en rendant probable l’existence de quantité d’univers parallèles au notre, eux-mêmes potentiellement peuplés d’êtres dotés eux aussi de conscience, la science poussera l’idée de Dieu dans ses derniers retranchements, a savoir le coeur des hommes qui en ont besoin pour vivre.
En tout état de cause, je n’ai pour ma part que faire de l’amour d’un Dieu hypothétique, alors que celui de mon père m’est bien plus indispensable.
Je sais que j’en bénéficie.
Qu’il ne doute pas que je l’aime tout autant.
Jean SOULIER
PAUL écrit : DIEU ET LES MULTIVERS
Lundi 12 octobre 2009
Cher Dominique ,
Tu t’étonnes que ”si Dieu a seulement créé les lois de l’univers ” et de l’évolution des êtres et des choses “il n’y ait pas d’autres manifestations de sa volonté “.
C’est vite dit : Il s’est manifesté à la naissance de la première cellule puis de nouveau à la naissance de la conscience de l’homme. De plus il a donné à l’homme pouvoir sur toutes choses, et surtout le libre-arbitre en particulier le libre-arbitre du créateur. Il ne faut pas s’étonner s’il ne manifeste pas sa volonté ; contre le mouvement naturel et l’évolution de sa création, contre les lois immuables, l’évolution comprenant le hasard, et le libre-arbitre de l’homme.
Tu me concèdes que la question des origines peut justifier mon questionnement. Puis tu me parles de mondes parallèles.
Et si notre monde prenait son origine sur le déclin d’un autre multivers, ce serait repousser le problème des origines sans le résoudre.
Tu admets ”que la question de origines laisse une place potentielle à la question de Dieu” qui apparait alors comme la seule hypothèse ne serait ce que provisoire .
En attendant je saisis cette hypothèse et m’en contente.
Car je veux bien admettre que si la question des origines est résolue il faudra trouver une autre preuve de l’existence de Dieu .
Jean SOULIER répond :
12 octobre 2009 à 22 h 55 min
Cher Paul,
Je ne sais qui est ce Dominique à qui vous répondez alors que c’est moi qui vous interpelle. J’espère en tout état de cause qu’il ne vous importune pas trop.
Je suis au regret de vous dire, Cher Paul, que vous confondez trop souvent à mes yeux affirmation et démonstration.
Quand je dis que Dieu ne se manifeste pas en dehors de son hypothétique création des lois de l’univers, vous me répondez, avec force, qu’il s’est manifesté dans la création de la première cellule, puis à la naissance de la conscience de l’homme.
Mais en quoi sont-ce des manifestations ?
Je pense décidément que vous ne me lisez pas bien : l’apparition de la vie peut parfaitement s’expliquer par la sélection naturelle, et que celle-ci ne procède que de la complexification “naturelle” de la matière. Dans ce cas, la conscience n’est alors qu’une étape, étonnante, de cette complexification
Une manifestation de Dieu, pour s’imposer, ne peut relever que de la preuve, pas de la croyance. Vous “croyez” qu’il se manifeste, mais vous ne le prouvez pas.
Autant, encore une fois, le problème de l’origine peut prêter à débats sur une volonté à l’oeuvre, autant une fois les lois posées, rien ne peut être lu comme volonté dans leurs conséquences, sauf à tenir à le lire. Votre foi n’est ainsi pas communicable, parce qu’elle est indémontrable.
Enfin, en quoi la présence de Dieu dans l’univers vient changer la donne de la vie humaine? L’homme n’est en rien rendu meilleur parce que Dieu existe, mais simplement peut-être parce qu’il croit qu’il existe.
J’espère que je ne vous fais pas souffrir en n’adhérant pas à vos “actes de foi”, mais ils sont incompatibles avec ma vision du monde. J’aime cependant beaucoup en discuter avec vous, parce que je sais que vos tentatives pour me convaincre sont le signe de l’affection que vous me portez.
A bientôt Cher Paul….
Paul répond à Jean SOULIER
Le 14 octobre 2009
Cher Jean Soulier
Je me permets de te tutoyer , depuis le temps que je te connais !
Tu as sauté sur les deux manifestations que je signalais; c’était facile de dire que rien ne les prouvait et j’aurais pu en dire autant . Je connais bien les lois de l’évolution; mais je me suis laissé aller à ma foi.
Par contre tu ne dis rien sur le reste de mon article .Je te le rappelle ci-dessous.
…… Si notre mpnde prenait son origine sur le déclin d’un autre multivers ce serait repousser le problème des origines sans le résoudre. Tu admets que la question des origines laisse une place potentielle à la question de Dieu qui apparaît alors comme la seule hypothèse ne serait que provisoire.
En attendant je saisis cette hypothèse et m’en contente . Car je veux bien admettre que si la question des origines est résolue il faudra trouver une autre preuve de l’existence de Dieu …..
Cela sous-entend que la question des origines n’est pas résolue et à mon avis loin de l’ëtre .
A Bientôt : ton Paul qui t’aime
Dominique SCIAMMA écrit
le 17 octobre 2009
Cher Paul, Cher Jean,
Puisque je suis involontairement, mais régulièrement, évoqué dans le débat qui vous anime, je me permets moi aussi de rentrer dans la danse.
Je dois dire que je me reconnais assez dans la position de Jean, et c’est pourquoi, sans préjuger de sa propre réponse, je me permets de répondre à l’interpellation de Paul.
Le fait que les Multivers soient possibles ne fait pas que repousser la question des origines.
D’ailleurs, ce problème ne sera peut-être jamais résolu tant la notion même d’origine est lié à la notion de temps, et que la notion de temps est liée de manière profonde à chacun de ses multivers. On peut même d’ailleurs imaginer des multivers sans temps !
Non, en évoquant les multivers, c’est aussi l’unicité de notre univers qui est remise en cause, et donc son extrême banalité qui est affirmée.
Ce faisant, c’est aussi l’intention d’un Dieu créateur qui sera questionnée.
Quelle est-elle quand la création de chacun de ces univers relèverait uniquement de la mécanique des lois de l’univers mais plus de sa volonté ? Quelle est aussi la nature de la relation que ce Dieu entretiendrait avec chacun de ces (ses ?) univers ? Sans parler de la relation qu’il entretiendrait avec chacune des consciences que ces univers contiendraient !
Mais, me direz-vous, la création des multivers ne serait pas plus perturbante que l’idée de la foisonnance de notre propre univers de milliards de vies conscientes, sur des milliards de planètes. Ce en quoi vous auriez raison, même si les multivers en augmenteraient presque à l’infini le nombre.
Pour revenir à la question des origines posée comme preuve d’une volonté divine, je reviens sur ce que disait Jean. A supposer que Dieu soit à son origine, quelle différence y-a-t-il à penser qu’il n’est en est pas à l’origine, puisqu’il ne se manifeste plus ensuite dans la mesure où il laisse les lois de l’univers se dérouler sans contradictions ?
Il n’y a de fait pas différence notable entre les états d’un univers qui serait né de SA volonté, et ceux d’un univers simplement né de lois naturelles.
Il est donc clair que sans manifestations autres de sa volonté, il n’est pas possible de PROUVER l’existence d’une volonté divine, mais juste d’y croire.
Comme Jean, je ne veux en aucun cas vous empêcher de le faire, mais juste poser le fait que le monde ne perd pas de sens à ne pas le croire.
Avec tout mon amour de fils polémique.
Dominique
Paul répond à Dominique Sciamma
le Dimanche 18 octobre 2009
Cher signataire du dernier commentaire .
Tu me dis que on peut se demander à quoi servirait un Dieu qui ne se manifesterait pas dans sa création . Mais Dieu qui a créé les lois dont celle de l’évolution se manifeste à chaque instant à travers ses lois. Si donc Il existe à cause de la question des origines non résolue Il se manifeste dans le respect le plus absolu de l’ordre qu’il a créé et en particulier de la liberté de l’homme . Parfois il doit être bien malheureux et impuissant face au désordre que l’homme crée autour de lui .
Je vous embrasse cher signataire du dernier commentaire
Paul répond à Jean SOULIER
le Dimanche 25 octobre 2009
Cher Jean Soulier
Tu dis dans un de tes commentaires qu’on pourrait avoir un multivers où le temps n’existerait pas . Je pense que dès que l’homme intervient par la connaissance de ce qui est, le temps existe.
A propos des multivers , Dieu étant par hypothèse le créateur du monde , Il serait aussi le créateur des multivers et de toutes leurs lois, différentes peut-être , (mais pas contraires) des lois de notre univers . Ces lois d’ailleurs n’annuleraient pas les lois découvertes par la théorie quantique même si elles expliquent le big bang lui-même : tout ce que nous avons découvert sur les 380.000 premières années après le big bang et la suite pendant des milliards d’années ne s’opposerait pas aux lois des multivers .
En tous cas si les lois des multivers expliquaient l’origine des lois de notre univers , leurs propres origines resteraient toujours une question. D’ailleurs ces lois pourraient montrer d’où viennent nos lois mais n’expliqueraient toujours pas le comment et le pourquoi de ces lois.
Dominique Sciamma écrit
le 3 novembre 2009
Salut Pa’,
Je te propose d’essayer d’oublier un instant ta position, et lire la mienne sans a priori, car de fait, tu ne la lis pas bien, et t’arrête aux seuls aspects critiques de ma position, sans en voir la raison qui s’y exprime.
Encore une fois, dire que Dieu s’exprime dans chacune des mises en oeuvres de ses lois, c’est ne rien dire, et en tout cas ne rien prouver.
De fait, ces manifestations lui échappent, et il n’y a donc aucun moyen objectif de faire la différence entre un monde où ses lois seraient “naturelles” et un monde où ces lois viendraient de lui, puisqu’on ne peut mesurer cette différence.
C’est à ce titre que Dieu est inutile puisqu’il ne peut intervenir en rien sur le monde, prisonnier qu’il serait de lois qu’il ne peut faire rien d’autre qu’observer et en rien influer.
Encore une fois, à quoi nous sert-il alors ?
Dominique
PAUL écrit
le 13 novembre 2009
Dieu est comme l’ingénieur qu! a conçu un avion. Chaque fois qu’il vole, l’ingénieur se manifeste à travers ce vol. Tu dis que Dieu est inutile parce qu’il ne va jamais contre l’ordre qu’il a créé. Il n’y va jamais délibérément . Les miracles sont une preuve de son intervention . Quand et pourquoi c’est un mystère ! Par ailleurs, il intervient toutes les fois qu’il nous exauce. Et parfois il n’attend pas notre prière pour intervenir . Les miracles non reconnus sont quotidiens . Mais c’est toujours dans le domaine de l’homme . Pourquoi? C’est à cause du libre- arbitre et du pouvoir de créer qu’il lui a concédés et surtout de la vie. Tout ce que fait l’homme peut être ou ne pas être. Il en est de même pour le règne animal et le règne végétal. Il n’y a que le règne minéral qui est figè dans la rigidité de ses lois où se mêle le hasard
Itah Sowiloï écrit
le 31 janvier 2010
Cher Paul, Cher Jean, Cher Dominique,
Je me permets de me joindre à la discussion, passionnante mais un peu circulaire quand même, qui s’est établit entre vous 3.
La première phrase de votre dernier commentaire, Cher Paul, à propos de l’ingénieur, est un acte de foi, pas une preuve. En effet, c’est parce que VOUS pensez qu’il y a un ingénieur divin que vous le voyez à l”oeuvre dans le monde, alors que nous trois (Jean, Dominique et moi, nouvelle Sainte Trinité), ne voyons là que la manifestation de la complexification de la matière, et uniquement des processus causaux.
Je vois ensuite que le harcèlement de Dominique et Jean sur la question de la preuve de Dieu par sa manifestation a enfin accouché de la seule réponse possible : le miracle.
Et c’est un véritable problème… Car qu’est-ce qu’un miracle ?
Une entorse aux lois de l’univers ? C’est à dire un phénomène qui échappe complètement à la causalité – c’est à dire à la mise en branle des “lois” du monde ? C’est à dire une véritable anomalie, un phénomène disruptif, qui fait passer un objet du monde d’un état A à un état B de manière immédiate (la jambe est cassée -> la jambe n’est plus cassée) ?
Ou est-ce au contraire un phénomène qui s’appuie sur la mise en oeuvre de la causalité, la rupture ne se manifestant qu’à l’origine du miracle, son “allumage”, les lois du monde et la causalité s’exprimant ensuite ?
Nous n’avons aucun moyen de le dire, même si je pencherais pour ma part pour la deuxième hypothèse.
Dans le premier cas, on se trouve dans une forme de contradiction : pourquoi Dieu se laisserait aller à rompre la continuité de son oeuvre, et à agir aussi “disruptivement”, alors qu’il a construit un monde sur la continuité des lois qu’il a institué, condition impérative pour que libre arbitre de l’Homme, sa créature, puisse exister ! En effet, sans garantie de causalité, pas de libre-arbitre, puisque personne ne peut prendre de décisions en s’appuyant sur l’enchainement des causes et de effets pour en évaluer les conséquences et prendre ses décisions en conséquence.
Dans le deuxième cas, on se retrouve avec le problème de l’origine : Dieu change-t-il instantanément l’état de l’objet et laisse-t-il ensuite “ses” lois” se dérouler pour l’amener dans son état final miraculeux ? On ne voit pas trop l’intérêt de le faire ainsi, car il n’y a alors pas beaucoup de différence entre la première hypothèse et la seconde ! Puisque il y a disruption, autant mettre l’objet dans son état définitif d’un seul coup, plutôt que de le mettre disruptivement dans un état intermédiaire qui le conduira ensuite de manière causale dans son état final.
Il n’y aurait donc de miracle que disruptif, c’est à dire en violation des lois.
Mais puisque nous sommes en train de discuter de la preuve de Dieu, et que le miracle serait présenté comme la preuve unique et ultime, comment alors mesurer cette violation ?
La mesure-t-on parce qu’on l’observe en direct ? Ca n’est jamais arrivé, et cela ne peut pas arriver puisqu’un miracle est imprévisible. On ne peut évidemment pas établir de protocole scientifique pour observer un tel événement par définition imprévisible. Il serait prévisible, même statistiquement, qu’il cesserait d’être un miracle, puisque relié à un modèle qui en permet la détermination de la probabilité.
Non, on ne le mesure que par notre incapacité à l’expliquer, sur la base de nos connaissances du moment. C’est donc sur la base d’un double constat – celui du phénomène, et de notre incapacité à l’expliquer – que l’on parle de miracle.
Le miracle serait donc un constat d’ignorance ? Mais alors, les miracles sont quotidiens ! Les scientifiques du monde entier sont confrontés chaque jour à des phénomènes qu’ils n’expliquent pas, et c’est justement cette ignorance qui motivent leur recherche. Mieux, il arrive régulièrement qu’ils observent des phénomènes qui sont en contradiction avec ce qu’ils savent sur un sujet – une théorie, un modèle donc – et qu’ils soient obligés de construire une nouvelle théorie pour l’expliquer.
Le miracle, mon Cher Paul, n’est donc en rien une preuve de Dieu, mais juste un avatar de l’acte de foi, une projection sur le monde de ce que l’on croit de lui, et non pas de ce que l’on sait.
L’hypothèse “Dieu” reste donc rationnellement – et irréméDIABLEment inutile – pour moi.
La seule et magnifique vertu que je lui prête est celle de me faire dialoguer avec vous, avec passion et intelligence, et cela n’a rien d’un miracle, c’est juste de l’amour….
Itah Sowiloï
PAUL Sciamma dit le 2 février 2010
Cher Itah,
Qu’est ce qu’une preuve d’existence ?
J’ai fait l’hypothèse de l’existence de Dieu , et j’ai chaque fois rapproché de cette hypothèse les différents évènements dont je voulais comprendre les tenants et les aboutissants : Dieu et les lois immuables , Dieu et le mal , Dieu et l’ordre , Dieu et les multivers …..
J’ai rapproché Dieu et les divers évènements leur trouvant une explication et la comparant avec les rapprochements de la raison, de la logique, des points de vue de le la science, de ceux des incroyants . Et j’ai toujours trouvé une limpidité et une sérénité dans mon approche. D’où ma satisfaction et ma foi consolidée.
Je n’arrive plus à concevoir un monde sans Dieu. Là réside pour moi toute ma preuve de l’existence de Dieu.
Tu parles de la complexification de la matière .A quoi est elle due? Au génie “inhérent” à la matière ! ? Encore une fois quelles sont les règles de cette complexification et qui les a créées.
Tu dis ” les lois du monde et de la causalité s’expriment ensuite” Comment ? Pourquoi?
Tu dis ensuite ”pourquoi Dieu se laisserait aller à rompre la continuité de son oeuvre alors qu’il a construit un monde sur la continuité des lois qu’il a instituées” Je ne peux répondre que, c’est un mystère, le mystère de le foi. Peut-être éprouve-t-il le besoin de prouver à des gens simples et croyants son pouvoir et d’exaucer ceux dont la foi est supérieure au libre arbitre.
Tu dis ”qu’on ne peut pas établir de protocole scientifique pour observer un tel évènement par définition imprévisible” Tu sembles oublier que l’approche scientifique comme celui juridique se basent sur des témoignages du passé et pour ces mêmes scientifiques et ces mêmes juristes le témoignage irrécusable du présent qui n’est plus en continuité avec le passé : le principe de causalité est rompue : c’est là que réside le miracle.
Paul
Itah Sowiloi répond
le 7 février 2010
Cher Paul,
Je ne veux pas ici répondre sur le fond à votre dernier commentaire, car je serais amené à utiliser des arguments déjà évoqués.
Il me semble que nous avons fait le tour du sujet, ou, pour être plus exact, que nous en faisons le tour dans des dimensions différentes, et que c’est pour cela que nous nous ne accorderons pas.
En tout cas, la seule chose que vous nous ayez prouvée, c’est que Dieu vous est indispensable.
Et cela, je ne peux ni le réfuter, ni le discuter.
La deuxième chose que l’on peut dire, c’est qu’il nous est à nous, Jean, Dominique et moi, inutile.
Et cela vous ne pouvez ni le réfuter, ni le discuter.
Cela ne nous empêche ni de vivre, ni d’aimer, ni de continuer à débattre sur 1000 autres sujets.
Je vous embrasse.
Itah Sowloi