En 1999, le fameux Atelier Sanzot, collectif d’auteurs de BD Angoumois animé par Bernard Lambert, me propose de scénariser un album de BD que l’Association pour l’Amélioration du Management se propose d’offrir à ses membres lors de leur convention annuelle, qui sera dédiée aux nouvelles technologies.
Il sera donc question d’ordinateurs, de réseaux, de management dans cette BD, et j’anticipe l’ennui qui saisira le lecteur à cette perspective. Et ce d’autant plus que je me propose de mettre en image une vision qui m’habite depuis 20 déjà, à savoir l’impact des NTIC sur la nature et l’organisation de la société humaine, où l’intelligence des individus s’appuie sur le réseau pour enfin se déployer.
Je décide donc de placer mon aventure à la fin du XIXème siècle, en imaginant que Jules Verne vient visiter son éditeur Jules Hetzel, pour lui raconter son prochain roman, qui se passe en 1999, à l’aube du XXIème siècle, dans un Paris transformé par la science. C’est le talent de Bibeur Lu qui donnera vie à cet univers (à noter que Bibeurlu est un obsédé de la 2CV, il y en a des bouts partout !).
J’imagine que le génie de Jules Verne l’a amené à anticiper la naissance du Multimédia et des réseaux en ayant l’intuition de marier le téléphone, le cinéma, le phonographe, et la Machine de Babbage !
On va donc suivre Alexandre-Pierre Meilleur (qui a les mêmes initiales que l’APM) jeune professionnel embauché dans la très grosse entreprise mondiale de mobiliers électriques (l’internet des objets déja !), la bien nommée JCN (le contraire de HAL dans 2001 Odyssée de l’Espace).
Il va se trouver confronté aux modes de management anciens mais qui ne se savent pas dépassés (ça ne vous rappelle rien de familier ?), ainsi qu’aux enjeux de pouvoirs associés. Mais la pertinence de sa démarche aura raison des résistances aux changements !
A noter que cette BD a été nominée aux Alphart du Festival d’Angoulème 2000, et devait d’ailleurs remporter ce tropée, avant que le directeur du Festival de l’époque n’intervienne en pleine délibération pour imposer un ouvrage qui n’avait même pas été déposé dans les temps, et ne figurait donc pas dans les candidats éligibles…
A noter aussi que, Michel SERRES devant être le Keynote Speaker de l’événement de l’APM au Futuroscope, je lui demandais (via un FAX) de rédiger la préface de cet ouvrage qui :
« se propose moins de décrire les avancées technologiques dernières, que de les considérer comme la métaphore moderne d’une nouvelle société en devenir (la société en réseau) ou individualité, initiative et autonomie rimeraient avec solidarité, projet collectif, et efficacité« .
Las ! Je ne reçus aucune réponse de notre philosophe à l’accent chantant, qui se fait aujourd’hui le chantre (sinon le prophète) de « Petite Poucette » dans son dernier ouvrage :
« Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra le triomphe de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique…
Faisons donc confiance à Petite Poucette pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalité possible ! »
On remarquera la similitude, mais avec 13 ans d’écart, entre les deux analyses. Il a donc fallu 13 ans à Michel Serres pour mettre des mots sur ce que cette BD décrivait déja fin 1999…
et télécharger le scénario là : APM scenar2